Le coeur de l’hospitalité : le miroir du coeur

Que révèle de votre coeur, la poursuite de l’hospitalité?

Je garde encore un souvenir très vivifiant de ma vie en Afrique, bien que cela remonte à plus de 18 ans désormais. Les odeurs, les rires, la chaleur… Mais par dessus tout, la simplicité de la vie et la générosité spontanée de ses habitants.
La maison de mon enfance était une porte ouverte. Petits et grands y étaient reçus quelque soit l’heure du jour et de la nuit. Pas besoin de nettoyer la maison avant des arrivées qui étaient rarement annoncées à l’avance. Pas besoin de repas gastronomiques pour impressionner la galerie. Pas besoin même de se briser la nuque à essayer de colmater les nombreux trous de la toiture pour ne pas avoir honte en disposant des récipients dans toute la maison quand on recevait par temps de pluie! L’hospitalité était pratiquée spontanément, au jour le jour, avec joie et simplicité de coeur…
Je conserve d’excellents souvenirs de cette période de ma vie. Je revois les amis et les étrangers, heureux de partager avec nous, désireux de revenir le plus régulièrement possible et même s’il fallait se partager les minuscules morceaux de viande à la sauce d’arachides. On ne partageait pas seulement le pain, on partageait la vie.

La vie en Occident m’a fait découvrir une toute autre approche de l’hospitalité: souvent forcée, souvent stressante, rarement désintéressée et infiniment rare, y compris chez les chrétiens ! Au delà de l’individualisme dont on peut être tenté d’accuser les occidentaux, justifié par les trop nombreuses pressions et urgences de la vie quotidienne, je crois qu’il s’agit surtout d’une crainte de dévoiler son coeur à autrui. Recevoir chez soi, c’est donner accès à notre univers, à ce lieu où il nous est impossible de prétendre être celle que nous ne sommes pas, du moins, dans la durée; c’est accepter d’être vulnérable; c’est oser s’exposer aux critiques potentielles sur ce que nous essayons de bâtir autour de nous; c’est révéler la réalité de son coeur. Pratiquer l’hospitalité c’est difficile et formateur. Pratiquer l’hospitalité, c’est mettre l’amour en action, et c’est sans doute pour cette raison que cela nous est commandé. Car, comme tout commandement biblique, il vient briser la chair, il vient travailler au coeur.

Romains 12:10-13
Par amour fraternel soyez pleins d’affection les uns pour les autres et rivalisez d’estime réciproque. Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit et servez le Seigneur. Réjouissez-vous dans l’espérance et soyez patients dans la détresse. Persévérez dans la prière. Pourvoyez aux besoins des saints et exercez l’hospitalité avec empressement.

Le mot “exercer” vient du grec dioko, qui signifie “poursuivre”, “rechercher”. Il est à la voix active, ce qui signifie que c’est une chose pour laquelle nous devons fournir un effort vigoureux. Ce n’est donc pas une activité à laquelle nous sommes naturellement portés en tant qu’humains. Mais tout comme la droiture (1 Tim. 6:11), la bonté (1 Thess. 5:15), la paix (1 Pierre. 3:11) et l’amour (1 Cor. 14:1), en tant que chrétiennes nous sommes appelées à la “poursuivre”. Nous devons y penser, la planifier, la préparer, prier pour et rechercher des opportunités pour la pratiquer. Et le contexte de notre vie quotidienne ne doit pas rentrer en compte, car il s’agit ni plus ni moins que de manifester l’amour de Dieu aux autres. Et c’est un des nombreux moyens qu’Il met à notre portée pour y arriver. Le manque de temps, la taille de votre appartement, votre vaisselle dépareillée, les tâches de vomis de bébé sur votre tapis ou votre incapacité à cuisiner ne sont donc pas des excuses valables devant Dieu !

Pratiquer l’hospitalité, c’est s’offrir à soi et à l’autre une zone franche qui invite à se confier sans crainte dans la réalité de son quotidien. Et ceci, bien-aimées, est devenu un véritable luxe de nos jours, y compris dans nos églises où règnent trahisons, commérages, critiques, rivalités et donc méfiance généralisée.

Mais Dieu nous appelle à continuer de croire en l’idéal de la communauté chrétienne authentique, et à oeuvrer à notre niveau pour la bâtir.

Depuis le début de cette année, un nouveau groupe a vu le jour dans mon ministère à l’église. Chaque mois, 6 femmes se réunissent autour d’un repas simple pour “rompre le pain” et échanger en vécu et en vérité. Et depuis lors, j’ai vraiment pu réaliser le degré de solitude émotionnelle et spirituelle de nombreuses chrétiennes qui mènent leur difficile course dans l’ignorance ou l’indifférence totales. J’ai réalisé à quel point les “masques de joie et de victoire” étaient devenus monnaie courante dans l’église, par crainte du jugement et des blessures. J’en ai pleuré au Seigneur à mesure que j’entendais des témoignages de coeurs qui aspiraient depuis longtemps à une opportunité sécurisante pour pouvoir retirer lesdits masques. Dans mon idéalisme caractérisé, je ne comprenais pas comment il était possible de vivre ainsi seule et en souffrance, alors que nous louons le même Dieu d’amour qui nous appelle à porter le fardeau les unes des autres…

Mais face à la puissance du Saint-Esprit qui s’est révélée à chacune de ces rencontres, Dieu m’a fait la grâce de pouvoir vivre l’importance que revêtent pour Lui des connexions authentiques entre soeurs en Christ. Et j’ai pu réaliser ce que cela représente réellement devant le Seigneur que d’avoir un coeur hospitalier.

En effet, l’hospitalité révèle votre coeur. Il s’agit d’ouvrir ce dernier aux autres en ouvrant l’intimité de votre foyer. Il s’agit de servir l’autre sans murmurer; il s’agit de régulièrement placer les besoins des autres avant les siens, tout comme Jésus le faisait. Et cette pratique ne révèle pas seulement le coeur de la personne qui reçoit, mais aussi celui des femmes qui sont reçues. Dieu utilisera l’hospitalité pour faire le ménage dans votre coeur, afin d’y faire de la place pour les autres, mais aussi pour Lui. Vous y gagnerez en progrès spirituels constants, parce que vous entreprendrez une courageuse démarche d’amour et parce que vous aurez permis à Dieu d’utiliser les autres pour vous enrichir. C’est son idée de la communauté depuis le commencement !

Quelques maladies cardiaque que la pratique de l’hospitalité vous aidera à guérir

– Le perfectionnisme

Ne confondons pas poursuite de l’excellence avec perfectionnisme. Le premier est à la gloire de Dieu, tandis que le second est à la nôtre. Et ce n’est rien de moins que de l’orgueil ! Quand on choisit la simplicité dans tous les aspects de notre vie, et notamment dans notre pratique de l’hospitalité, on se libère des nombreuses prisons dans lesquelles nous nous enfermons trop souvent, par crainte du regard des autres et par souci d’une apparence illusoire de perfection. Renoncer à cette pression nous permet de développer l’humilité. En offrant en toute simplicité nos “5 pains et 2 poissons” au Seigneur, on lui permet de les multiplier autant pour celles qu’on reçoit que pour nous-mêmes.

– Les mauvaise attitudes

Elles sont de diverses sortes et tout ce qu’elles révèlent, c’est la réalité d’un coeur autocentré (pour celles qui jugent l’hospitalité trop exigeante) ou prompt au jugement (pour les invitées qui viennent juste pour passer au crible et critiquer). Quand on ose se montrer vulnérable en ouvrant la porte de son foyer à d’autres, on entre pleinement dans la liberté en Christ qui fait qu’on place son jugement au dessus de tout autre considération humaine. On révèle ainsi le coeur d’une véritable servante du Seigneur.

– L’insatisfaction chronique

Quand on passe plus de temps à attendre que tous les moyens et circonstances soient réunis avant de pouvoir pratiquer l’hospitalité, on révèle surtout un coeur ingrat face aux bénédictions dont Dieu nous a déjà comblées. Pratiquer l’hospitalité spontanément, c’est reconnaître la grâce de Dieu dans notre vie et disposer notre coeur à la partager avec les autres

Ainsi, la pratique de l’hospitalité, c’est avant tout un combat pour le coeur, et non une occasion d’offrir les meilleurs buffets, d’organiser les plus belles fêtes ou de recevoir dans nos foyers les plus “pinterest-like”! Dieu nous appelle à ouvrir nos maisons et nos coeurs en guise de reconnaissance pour l’hospitalité dont Il a fait preuve envers nous à travers Jésus-Christ (És.25:6-9); Lc 14:16-24; Ap.19:9).

Bien-aimées, je vous encourage vivement à oser sortir de votre zone de confort et à vivre la bénédiction pour votre coeur et pour votre vie spirituelle qu’offre la pratique de ce commandement divin. Dieu nous a faites pour les relations, pour la communion fraternelle dans la vérité, la simplicité et l’amour. L’on sous-estime énormément aujourd’hui dans notre société individualiste, la richesse de telles connexions aux autres. Nous passons ainsi irrémédiablement à côté de l’une des démarches qui nous rapproche, de la manière la plus puissante qui soit, du coeur de Dieu.

Jean 14:15
Si vous m’aimez, respectez mes commandements.

Bénédictions !

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