Apprendre à s’aimer : mon parcours

Cet article a été à l’origine posté au printemps 2017. Je le remets en ligne avec quelques mises à jour.

Un soir, il y a quatre ans, mon mari me relatait sa conversation avec le chauffeur de l’autobus qui conduisait alors nos enfants tous les matins à l’école. C’est le même qui nous livrait les pizzas. C’est encore le même qui servait à la cantine de l’école et qui aujourd’hui gère le club de soccer de la ville… Bref, un québécois dynamique et plein d’entrain qui semble réussir à se démultiplier tant il travaille !  Père de quatre enfants, il semblait sincèrement surpris d’apprendre que notre quatrième était née. Tout à son enthousiasme,  mon mari ne comprenait pas l’expression déconfite qui se dessinait peu à peu sur mon visage pendant son récit. Je finis par lui dire que je ne savais pas comment prendre  la “surprise” de ce monsieur…

Voyez-vous, à l’époque j’emmenais souvent mes petits à pieds à l’arrêt d’autobus. Et ce chauffeur me voyait à chaque fois. Le fait qu’il n’ait pas remarqué que j’avais accouché voulait-il dire que j’avais toujours l’air enceinte ? Quatre mois après mon accouchement,  j’étais donc toujours aussi grosse qu’en fin de grossesse… Mon “régime forcé” pain/pâtes/pommes de terre du moment ne devait pas y être étranger ! J’ai choisi de rire de la situation. Mais cela n’a pas toujours été le cas…

Pendant presque neuf ans, j’ai été prisonnière de mon image, esclave des régimes minceur, captive des standards de la société. J’avais brutalement pris du poids suite à une hypothyroïdie non diagnostiquée : 13 kilos en 4 semaines ! J’ai espéré en vain que les kilos s’envoleraient tout seuls. Neuf mois plus tard, à la naissance de bébé #1, j’avais rajouté dix kilos sur la balance. À peine remise de ma césarienne, je me suis lancée dans le sport extrême, enchaînant les séances de bootcamp de Billy Blanks pendant plusieurs heures chaque jour. L’armoire de notre petit appartement se remplissait à vue d’œil de livres de régimes. J’étais déterminée à gagner mon combat quand un accident survint lors d’une de mes séances de sport. Si je peux encore marcher aujourd’hui, c’est uniquement par la grâce de Dieu. Mon genou droit s’est violemment déboîté, écartant ma peau des deux côtés. La douleur ? Elle n’est plus descriptible à ce niveau là. J’eus le réflexe de frapper d’un coup avec mes deux mains pour le remettre en place. La suite, je ne m’en rappelle plus… C’est le type de douleur qui vous paralyse le cerveau. Je fus donc contrainte d’arrêter mon sport pendant plusieurs mois. Résultat : kilos sur kilos en plus et ce, malgré les multiples régimes…

Je sombrais chaque jour un peu plus. Je passais des heures, des jours, des nuits entières derrière mon écran à télécharger des galeries photos de stars minces pour me motiver. J’avais sur mon ordinateur plus de deux mille photos de stars afro-américaines. J’imprimais des rames entières de papier avec leurs régimes, astuces, méthodes… Je me ruinais en produits “miracles”. La moindre graine ou poudre ou algue qui apparaissait sur le marché, je remuais ciel et terre pour la dénicher, souvent à prix d’or et je la consommais quelque soit le goût ou les risques pour ma santé. Tout ce qui comptait c’était de maigrir, à tout prix ! Pensez à un régime, n’importe lequel, et dites-vous que je l’ai certainement fait ! Je déprimais à chaque nouvel échec, je sortais de moins en moins souvent, fuyais l’intimité dans mon couple. Dans mon miroir, tout ce que je voyais c’était mes amas graisseux. Mon mari était désespéré de me voir me détester ainsi. Aucune de ses paroles réconfortantes ne me suffisait. C’était devenu le pathétique combat de ma vie…

Ce n’est qu’au bout de six ans que j’ai accepté de faire un deuxième enfant, épuisée d’attendre de voir ma balance s’équilibrer un minimum. Comme pour la première grossesse, rebelote pour l’hyperémèse (vomissements ininterrompus) qui m’a fait perdre une dizaine de kilos les six premiers mois, pour les reprendre immédiatement après l’accouchement. Le cycle infernal a repris de plus belle : sport extrême, régimes extrêmes, désolation totale. Ce cycle a duré neuf ans en tout. Mais c’est la première prison dont le Seigneur m’a délivrée seulement deux ou trois semaines après ma conversion…

Dieu a le sens de l’humour !

Malgré les soucis que nous traversions, j’avais entrepris d’aller voir un chirurgien gastrique pour me faire faire un bypass. Pour celles qui ne connaissent pas, il s’agit d’une opération qui consiste à réduire drastiquement la taille de l’estomac et à le “reconnecter” directement à l’intestin de sorte que tout ce qui est mangé ressorte presqu’immédiatement. On est par la suite condamné à manger des portions pour moineaux, généralement sous forme liquide, et vu que tout est rejeté sans que le corps n’ait vraiment eu le temps d’absorber les nutriments, on est contraint à prendre des suppléments nutritionnels à vie. Ne riez pas: oui, j’étais bêtement désespérée à ce point là ! Mais c’est l’expérience que mon Dieu a choisi pour me révéler son formidable sens de l’humour !

La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine; La femme qui craint l’Éternel est celle qui sera louée. – Proverbes 31:30

En France, les soins de santé sont bien remboursés, et cette opération l’était à 100% à condition de remplir les conditions de poids et de “déficiences” qu’il fallait pour permettre au médecin de cocher les bonnes cases du formulaire d’acceptation par l’assurance maladie. Je me rendis en toute confiance chez le chirurgien, convaincue que j’étais de dépasser largement le nombre de kilos requis. Première surprise : j’étais moins grosse que je ne le pensais. Comme quoi, tout commence dans la tête ! Il me “manquait” 6 petits kilos pour obtenir l’accord de prise en charge. Pour la première fois de ma vie, je me retrouvais frustrée de ne pas être assez grosse!!! À demis mots, le chirurgien me suggéra de prendre les kilos manquants et un second rendez-vous fut reprogrammé trois semaines plus tard. Je sortis donc confiante et convaincue que ce ne serait qu’un jeu d’enfant, tellement il me semblait que je n’avais qu’à respirer pour prendre du poids depuis toutes ces années ! Mais mon Papa céleste avait un autre programme pour moi…

Les jours suivants furent une ode au sucre et au gras tels que je n’en n’avais jamais mangé. Je me nourrissais quotidiennement comme un cochon au point d’en vomir plus d’une fois. Puis vint le moment de la première pesée. Résultat : 300g ! Et oui, c’est bien le signe “moins” que vous avez lu ! À ce “régime”, j’ai perdu du poids ! Furieuse, je décidais de redoubler d’efforts pour la semaine 2. Je vous épargne les détails sur mon alimentation, vous en seriez peinées pour moi… Pesée de fin de semaine 2 : 300g ! J’ai tellement cru à une mauvaise blague que j’ai même acheté une nouvelle balance, pour le même résultat ! J’étais perplexe et complètement déboussolée. La semaine 3 fût l’une des plus honteuses de ma vie. Je mangeais tellement de “cochonneries” que je finissais tous mes “repas” en larmes et en suppliant le Seigneur de me libérer de cet enfer. Pesée de fin de semaine 3 : + 300g ! C’est lorsque je me mis à sauter de joie devant cette prise de poids que je compris que quelque chose avait sérieusement flanché en moi.

Je compris alors que Dieu ne voulait pas que je me fasse opérer pour détruire ce qu’Il avait soigneusement conçu, et après plusieurs heures de prières et de repentance, c’est sereine que je me rendis au rendez-vous avec le chirurgien pour lui annoncer ma “renonciation forcée”. Ce jour fût celui de ma délivrance de l’enfer des régimes. Je promis au Seigneur de ne plus jamais maltraiter mon corps et Lui demandais de m’apprendre à m’aimer comme je suis, à faire les bons choix pour mon corps et à me voir dans mon miroir telle que Lui me voit. Je mis en place quelques ajustements pour retrouver un certain équilibre, mais je ne me culpabilisais plus si mon porte-monnaie ne me permettait pas pendant un temps de respecter la nouvelle alimentation. J’ai ainsi pu vivre plus sereinement mes deux grossesses suivantes sans me soucier de ce que je perdais à cause des vomissements ni de ce que je reprenais par la suite. J’ai commencé à faire la paix avec mon corps, grâce au secours divin.

Et aujourd’hui?

J’aimerais pouvoir dire que j’ai complètement embrassé mon apparence, mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Comme la plupart des femmes, j’oscille encore trop souvent entre amour et haine envers mon corps. J’apprends à faire la paix avec lui, à l’écouter et à le respecter. Par exemple, je le sais très sensible aux sucres que je consomme dorénavant avec modération et en privilégiant les aliments “low carb” et une alimentation cétogène à 80% du temps (peu de sucres, protéines en quantité raisonnable et beaucoup de bons gras). J’ai pu identifier un certain nombre de carences que je sais désormais combler et j’ai aussi adopté le jeûne intermittent pour le forcer à puiser davantage dans ses réserves et à mes cellules de se renouveler plus rapidement. Mais plus important encore, grâce à Dieu, ma perspective et mon rapport à la nourriture a changé. Je ne la vois plus comme “le mal nécessaire” pour survivre, mais réellement comme une bénédiction que Dieu m’offre avec abondance au quotidien et que je me dois d’honorer avec sagesse. J’ai toujours aimé cuisiner et le Seigneur m’a donné un talent pour cela. La perspective d’une vie privée de l’exercice de ce don, surtout dans le cadre de l’hospitalité m’attristait beaucoup. Le combat pour le lâcher-prise se poursuit, mais je ne suis plus prisonnière comme je l’étais en France. Je commence à trouver une paix à ce sujet que je ne croyais plus possible. Ce n’est plus une question de chiffre sur la balance, mais de se sentir bien dans sa peau et de prendre soin de l’un de nos plus précieux cadeau quand on l’a : la santé.

Un anneau d’or au groin d’un porc, voilà ce qu’est une femme belle mais dépourvue de discernement. – Proverbes 11:22

Aujourd’hui, quand je vois toutes ces stars qui se torturent jours et nuits pour donner une image qu’elles maintiennent par la souffrance, je suis triste pour elles. Certaines sont minces naturellement, d’autres ont dû le devenir pour des raisons de santé. Mais pour d’autres, il s’agit tout simplement de vanité, une volonté de faire envie, de se placer au dessus des autres en culpabilisant celles qui n’y arrivent pas. Je veux notamment parler de toutes celles qui s’affament et révèlent une ligne squelettique à peine une semaine après l’accouchement, culpabilisant de nombreuses jeunes mères qui se retrouvent comme moi, prises au piège de standards illusoires et donc de l’enfer des régimes qui leur font perdre les jeunes années de leurs enfants. J’étais jeune convertie et je regretterai toujours de n’avoir pas plutôt consacré toute cette énergie à mon développement spirituel.  Ce furent neuf années de pur gâchis …

Ce témoignage est donc pour toutes celles qui demeurent encore dans cette prison. La prison de l’image et de la haine de soi (poids, complexe physique, intellectuel, spirituel, etc). Dieu peut vous en libérer et c’est son désir le plus cher.  En tant que chrétiennes, nous ne devons plus nous mesurer aux standards du monde. Les critères de beauté ne sont absolument plus les mêmes et lorsqu’on expérimente l’amour inconditionnel de Dieu, on gagne en assurance mais surtout en liberté. Depuis que j’ai acquis cette liberté, je me sens plus belle que jamais. Je me maquille très peu, en général un peu de fond de teint, du crayon khôl, du mascara et un rouge à lèvres. L’accessoire beauté avec lequel j’aime le plus jouer? Les perruques! Je les aime pour leur côté pratique et versatile. Perdre du poids ? Oui. Mais pour les bonnes raisons et sans plus jamais me mettre de pression. Mais surtout en travaillant avec Dieu dans ce projet, comme dans tous les projets de ma vie.

Dorénavant, je marche la tête haute dans la rue, que je sois habillée comme un trappeur pendant les rudes hivers canadiens ou avec mes tenues africaines en été ! Je marche fièrement parce que sais que je suis le top model de mon Dieu !

Bien-aimée,  le Seigneur ne regarde pas à tes cheveux en pagaille, ni à tes cernes, ni à ton acné, ni à tes kilos en trop. Il te voit tout simplement comme la personne qui valait sa souffrance et le sacrifice de sa vie, et Il s’attriste certainement de te voir ne pas poser le même regard que Lui pose sur toi. Et si tu penses que c’est pour gagner l’amour d’un homme que tu dois recourir à de nombreux artifices, dis-toi bien qu’un homme qui t’aime vraiment te préférera toujours au naturel. Rappelle-toi aussi que les gens admireront ton joli visage juste un temps, mais c’est ta sagesse, ton intelligence et l’amour que tu auras manifesté qui produiront les meilleurs effets à long-terme, dans ta vie, dans celle des autres et pour la gloire de Dieu. Les gens se souviendront de l’impact que tu as eu dans leur vie, pas de la taille de tes pantalons! Souviens-t-en.

Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien. – Psaumes 139:14

Bénédictions

Photo by Bobbo Sintes on Unsplash

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2 Commentaires

  1. Avatar

    Super article !
    Je me retrouve tellement dans tes lignes. Merci beaucoup d’autant témoigner. Ça me motive, me fait méditer sur des domaines de ma vie encore en chantier.
    Gloire soit rendue au Seigneur pour l’amour mais surtout la patience qu’il nous manifeste jour après jour! Parfois je m’étonne qu’il arrive à AUTANT nous supporter avec nos bétises mais heureusement j’ai envie de dire hihi
    Oh, pis de ce que mes yeux voient sur la photo de ta mini bio, tu es très belle. Mais le regard du Seigneur a bien plus de valeur car il dit qu’il ne regarde pas à l’apparence mais au coeur et que de toute façon nous sommes tous beaux !
    Au plaisir de te lire tes prochains articles

    Réponse
    • Gina Oum

      🙂 Oui, je l’imagine bien en train de rire des sottises que nous pouvons parfois inventer pour nous compliquer la vie! Dieu est infiniment bon… et patient 😀 ! Heureusement pour nous !

      Réponse

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