Le coeur de l’hospitalité: être une “Sita”

La majeure partie de ma vie d’adulte, je l’ai vécue seule. Seule avec mon mari et mes enfants. J’avais 18 ans lorsque j’ai quitté mes racines pour commencer cette longue et souvent douloureuse aventure qu’est la vie. Seule.

Seule, je me suis mariée. Seule, j’ai eu mon premier, puis second, puis troisième, puis quatrième enfant. Seule j’ai vécu les moments joyeux, tout comme les moments difficiles. Seule, humainement et douloureusement seule. Seule, c-à-d sans une mère, une amie, une soeur, une cousine ou une tante. En un mot, sans une “Sita” pour m’encourager dans mes heures sombres, me guider, m’émuler, répondre inconditionnellement aux multiples questionnements existentiels que j’avais en devenant épouse et mère ou lorsque j’ai vécu une perte. Personne pour prier avec moi, personne pour me dire que tout ira bien, personne pour écouter sans juger, personne pour m’aider à me relever. Personne à part mon cher et tendre époux.  J’ai navigué durant ma vie de femme sans avoir une autre femme, une “Sita” à mes côtés. Et j’ai dû apprendre par la force des choses à puiser le courage de la vie dans cette solitude que le Seigneur a comblé petit à petit de sa présence.

Les choses ont bien changé depuis deux ans et je mesure chaque jour la grâce d’avoir désormais autour de moi des femmes de Dieu qui ont l’expérience de la vie et de la foi, et qui ont à coeur de la partager.

C’est de ma douleur personnelle que j’ai appris à mesurer la grâce que nous pouvons avoir lorsque l’amour et le soutien d’une autre femme nous accompagnent dans notre vie. Pour certaines, ce sera une mère. Pour d’autres une amie, une soeur, une cousine… Et pour d’autres enfin, ce sera une parfaite étrangère que Dieu aura mis sur notre route pour nous épauler dans une saison particulière et nous offrir la richesse d’un coeur dévoué: une “Sita”.

Et c’est à cause de cette douleur que je me suis promise d’être moi aussi une “Sita” pour toutes celles que le Seigneur placera sur mon parcours.

Le coeur de l’hospitalité, c’est donc aussi être une “Sita” pour quelqu’un. Savoir être une oreille ou une épaule pour une âme qui a désespérément besoin d’être aimée, d’être accompagnée, d’être soutenue dans un temps particulier de sa vie.

Nous les femmes, nous avons été équipées du don d’empathie, d’une sensibilité particulière qui nous rend capables de “sentir” la souffrance et d’identifier les besoins d’une âme avant même que ceux-ci ne soient exprimés. C’est la conviction profonde de mon coeur que nous sommes toutes capables d’empathie, mais que l’usage de ce don, comme pour tous les autres, reste une question de choix. Choisir de ne pas ignorer les douleurs de l’autre, choisir de regarder au delà de nos propres circonstances et besoins parce qu’il y aura toujours autour de nous des personnes qui prieront pour les grâces qui nous ont déjà été accordées. Choisir de donner de son temps, d’écouter, d’aimer sans juger; oser des paroles et gestes de réconfort, oser mettre des mots sur ce que l’autre a du mal à exprimer ou à identifier, oser offrir une étreinte, une prière, un encouragement, une invitation dans notre propre intimité. Oser la vulnérabilité qui permettra à l’autre de se laisser voir à son tour, dans tout ce qu’elle est et sans craindre le jugement.

Nos vies chrétiennes seraient tellement plus édifiantes et plus effectives sur nos entourages si nous arrivions à être des “Sita” véritables !

Mais nous avons toutes pris la vilaine habitude de nous protéger des autres, souvent à cause de vieilles blessures, si bien que nous verrouillons nos coeurs au point de ne plus vouloir laisser entrer personne. Nous sommes sur le qui-vive dès qu’une question personnelle nous est adressée; nous avons une liste toute prête de prétextes pour ne pas nous investir au delà des limites qu’on s’est fixées; nous mettons en place des cadres, des espaces vitaux, des barricades qui nous rendent difficiles d’accès, parce qu’il est devenu plus important de nous protéger que de nous donner.

Et pourtant, Jésus nous a laissé l’exemple ultime du don de soi. Comme nous, Il aurait pu se laisser conditionner par tout le rejet, toutes les blessures, toutes les injustices qu’il a subi. Et pourtant qu’a-t-il choisi malgré tout ? L’amour et le don de soi ! Parce qu’il avait compris que la puissance de l’amour valait bien tous les risques, tous les sacrifices. Et aimer comme Lui, c’est prendre le risque d’abaisser les barrières construites autour de nos coeurs pour laisser entrer les autres, sans préjuger du mal qu’ils pourraient nous causer. L’amour véritable ne soupçonne pas le mal.

Mais Christ avait aussi acquis une chose capitale que nous sommes encore trop nombreuses à manquer : la liberté.

Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. Jean 8:32

Nous connaissons la Vérité, mais sommes-nous vraiment libres, bien-aimées ?

Être libre en Christ implique de ne plus craindre de donner aux autres, de s’ouvrir aux autres, de se montrer vulnérables, parce qu’on sait qu’il n’est rien qu’on pourrait subir des autres que Dieu ne soit capable de combler en nous. Quand on acquiert réellement cette liberté, témoigner de notre vie à visage découvert devient facile. Donner de nous-mêmes devient facile. Ouvrir notre coeur, notre maison et laisser entrer même de parfaites inconnues devient facile. Parce que notre confiance est définitivement placée en Dieu et nous attendons tout de Lui et plus rien des Hommes; parce que quand on s’ouvre à l’amour, Il ne manque pas de nous protéger et de nous équiper pour repérer et porter les souffrances que personne d’autre ne voit.

Dieu nous appelle à nous perfectionner dans l’amour. Il y a tant de femmes autour de nous, y compris nos soeurs en Christ, qui attendent désespérément de voir un mouvement de Dieu pour elles à travers nous ! Elles traversent des saisons de vie dans la même solitude que celle que j’ai connue, ou pire. Elles ont 20, 40, 60, 90 ans et leur coeur saigne tout en s’accrochant à l’espoir que quelqu’un verra, que quelqu’un écoutera et que quelqu’un prendra le temps… Vous pouvez être un mouvement de Dieu pour ces femmes, vous pouvez être le premier maillon d’une véritable chaîne d’amour chrétien que le monde a désespérément besoin de voir! Vous pouvez inspirer sans condamner, aimer avec des mots, avec des gestes, avec de la nourriture, avec un soutien; faire renaître l’espoir en l’amour dans les coeurs brisés.

Nous serons toujours temporairement reconnues et applaudies pour nos réalisations, notre apparence, notre statut social, nos discours intelligents ou la déco de notre maison. Mais dans la vraie vie et dans la durée, les souvenirs qui marqueront une vie seront ceux laissés par un coeur qui aura choisi d’aimer, en action et en vérité. Rendez grâces pour les “Sita” que vous avez dans vos vies et faites le choix d’en devenir une pour quelqu’un !

Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. Galates 6:2

Bénédictions !

Raconte-nous ton histoire. As-tu une “Sita” dans ta vie ? En es-tu une pour quelqu’un?

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