Quand croire en Dieu fait trop mal…

Sa vie chrétienne était loin d’être un long fleuve tranquille. Une fois l’euphorie de la conversion passée, la surprise et la douleur provoquées par les nombreuses épreuves lui ont fait remettre en question son choix de suivre Jésus. Ce n’est pourtant pas comme si elle n’avait pas été avertie. Jésus a été très clair dans Jean 16:33 quand Il lui a annoncé qu’elle aurait des tribulations. Pour autant, le sort semble littéralement s’acharner sur elle. Il n’y a plus de répit. Les coups s’enchaînent et la Présence de Dieu semble s’éloigner. La paix promise dans Jean 16:33 n’est pas sa réalité, ni la victoire de Christ sur un monde qui semble s’écrouler autour d’elle…

Alors la joie des jours heureux cède la place à la tristesse et aux questionnements. Cette douleur est parfois si intense qu’elle en arrive à avoir besoin de ne plus croire en Dieu. Continuer de croire en sa Bonté, en sa Présence, en son Amour, en sa Puissance alors qu’Il semble se refuser à les lui manifester dans ses circonstances devient extrêmement douloureux, presqu’une nargue…

Car oui, la foi peut être extrêmement douloureuse et coûteuse. La marche chrétienne peut être au fil des saisons, extrêmement laborieuse.

Et oui, on peut aussi se sentir extrêmement déçue de Dieu quand la vie qu’on espérait en Lui ou le chemin qu’on pensait suivre selon Sa direction s’obscurcissent douloureusement; quand toutes les semences qu’on s’est évertué à planter dans la prière, le jeûne et le service sacrificiel semblent jetées aux orties par Dieu Lui-même; quand on se heurte inlassablement au silence d’un Dieu qu’on appelle jour et nuit au secours en priant ses promesses et sa Volonté, en vain…

Continuer d’avancer sur un chemin qui lui semble de plus en plus obscur et vain devient alors un véritable défi. Elle regarde de loin et avec une pointe d’envie les promesses de Dieu se réaliser dans la vie des autres et elle finit par croire qu’elle ne fait définitivement pas partie de ses priorités. Les versets d’encouragement perdent de leur sens, la Parole de son attrait. Prier ne représente plus aucun intérêt. Dieu devient celui du livre, celui des autres… Elle perd de son ardeur, de sa passion des débuts et elle se résigne peu à peu à se laisser engloutir par ce qui, semble-t-il, sera désormais sa triste réalité. Entendre de la bouche des “super chrétiennes victorieuses” que “Dieu la forme, la soumet au test…” devient un irritant auquel elle a envie de répondre par une gifle bien sentie. Elle est fatiguée des tests, fatiguée des formations… Elle aspire à un répit, à un peu de clarté, à se sentir réellement utile, à voir ses semences et ses efforts porter du fruit. Oui, dans ces moments là, continuer de croire en Dieu lui fait atrocement mal…

Mais le pire dans tout cela, c’est quand elle réalise avec stupeur que malgré tous ses efforts, elle n’arrive pas à cesser de croire en Lui!

C’est le grand dilemme de la vraie chrétienne, celle qui a réellement été saisie par Christ dont elle est devenue, comme Paul, l’esclave. Elle a beau vouloir lâcher, s’en détourner, rien n’y fait. Elle se surprend régulièrement à continuer d’espérer en Lui vaille que vaille, à guetter ses miracles et interventions dans l’ordinaire de son quotidien, à Lui adresser une prière, soit-elle faite de larmes, de soupirs ou même de hurlements de frustration. Quoi qu’elle fasse, bon gré mal gré, elle s’y cramponne. Le lien à Christ est réel et elle se retrouve à persévérer bien malgré elle.

Elle ne le réalise pas tout de suite, mais la douleur et la déception qu’elle ressent sont un puissant témoignage de ce qu’elle pense précisément ne plus avoir : la foi. La douleur serait-elle aussi intense si Dieu n’avait pas été réel pour elle au point où elle le SAIT capable d’agir dans ses circonstances? Car c’est précisément son apparent refus qui la frustre au point où de ne plus croire en Lui lui semble être un moindre mal.

On ne peut être blessé à ce point que par ceux qu’on aime sincèrement et qui ont la capacité d’atteindre profondément notre coeur.

Et c’est alors qu’elle se souvient…

– Elle se souvient d’avoir accepté de tout perdre si c’était pour Le gagner au moment de sa conversion.
– Elle se souvient d’avoir demandé à Christ de prendre sa vie et d’en faire tout ce qu’Il voulait.
– Elle se souvient d’avoir prié pour le brisement qui lui permettrait d’être un instrument utile et puissant entre Ses mains.
– Elle se souvient d’avoir chanté “Je m’abandonne” à l’église plus d’une fois et de tout son coeur.
– Elle se souvient d’avoir accepté de porter sa croix chaque jour en acceptant de suivre Jésus.
– Elle se souvient d’avoir choisi d’appliquer Matthieu 16:25 en perdant sa vie à cause de Christ plutôt que de la sauver.
– Elle se souvient d’avoir renoncé à sa vie, à ses propres rêves et ambitions pour ne marcher que dans la Volonté de Dieu seul.
– Elle se souvient de L’avoir invité à être Maître du chemin, Seigneur de sa vie et d’avoir choisi de croire que tout ce qui surviendrait n’échapperait pas à son Contrôle.
– Elle se souvient d’avoir renoncé à tout contrôler, ni ce qu’elle produit, ni les fruits qui en découlent et encore moins la mesure des résultats.
– Elle se souvient que son engagement devant Dieu consiste à accepter de mourir chaque jour de mille petites morts intérieures, jusqu’à ce que Christ puisse régner dans tout son être et sans aucun partage.
– Mais elle se souvient aussi d’avoir chanté de tout son coeur “Christ seul me suffit; la croix devant moi, le monde derrière moi“.  Elle ne peut plus revenir sur cette déclaration sincère faite de multiples fois à Dieu, car elle réalise que ses paroles l’ont irrémédiablement engagée devant Lui.

Et oui, croire en Dieu peut faire très mal. Mais ta réalité bien-aimée, c’est que si ta conversion a été sincère, malgré tous tes efforts tu ne pourras te défaire de l’amour que tu as pour Christ et encore moins de celui qu’Il te porte.

Alors, que faire face à la douleur de la foi ?

1. Prends le temps de faire le deuil : le deuil de tes rêves et ambitions, de l’idée que tu t’étais faite de ce que serait ta vie en Christ et de ta relation avec Lui, le deuil de ce que tu croyais que tu aurais construis ou atteint à ce stade de ta vie; le deuil des fruits que tu pensais avoir portés après tout ton investissement et tous tes sacrifices dans la vie de tes enfants, ta vie de couple ou dans le ministère. Pleure ce qu’il faut pleurer, le temps qu’il faudra. Exprime à Dieu ta déception, ta frustration et même tes doutes à son sujet. Contrairement à ce qu’on a pu te faire croire, te questionner sur Dieu, même après de nombreuses années de vie chrétienne, est bon pour ta santé spirituelle. Tes questionnements sont une aspiration à mieux Le connaître, à sortir du statu quo spirituel, et tu l’invites ainsi à te faire de nouvelles révélations. Prends le temps de faire ce deuil, c’est capital.

2. Après ton deuil, lève-toi, prends courage et agis (Esdras 10:4)! Essuie tes larmes et prends la ferme décision d’embrasser ta vie désormais pour ce qu’elle est, pas pour ce qu’elle aurait pu être. Ne te retourne plus sur un passé qui ne peut plus rien t’apporter, mais qui va plutôt te figer, comme la femme de Lot (Genèse 19:26). Mais ne regarde pas trop loin vers un avenir que tu ne peux contrôler.

3. Choisis d’avancer un jour à la fois, chaque jour par la foi. N’attends pas que tout soit clair et toutes les planètes bien alignées. Prends ce que tu as aujourd’hui entre les mains et va, action par action, en faisant la bonne chose suivante et en abandonnant absolument tout entre les mains du Seigneur. Fais du saint détachement ton allié: abandonne absolument tout ce que tu fais à la seule souveraineté de Dieu (utilité, projets, fruits, résultats…)! C’est une clé très efficace pour gagner en paix intérieure, en contentement et en simplicité dans ta vie.

4. Ne te culpabilise pas de ne pas pouvoir prier. Le temps est sans doute venu de garder le silence devant Dieu. C’est aussi une forme de prière, de soumission et d’adoration. Tais-toi et attends. Même si tu ne sais pas ce que tu attends, attends! Mais prends aussi le temps d’écouter et d’observer. Parfois, les réponses de Dieu sont totalement inattendues et différentes de l’idée qu’on s’en faisait.

5. Quand tu pourras recommencer à prier, prie sans relâche pour la bonne perspective, celle qui te permettra de voir dans l’éternité, c-à-d au delà de ce que sont les choses dans ta vie aujourd’hui. Prie pour que la conscience de ce qui t’attend au Ciel pour l’éternité soit plus profonde que la conscience de ce que tu vis dans cette existence temporaire.

Marcher avec Dieu n’est pas facile et les fruits de sa Joie ne sont pas encore la réalité de toutes. Mais ça en vaut la peine. Christ en vaut la peine! L’Éternité en vaut la peine!

Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables.
1 Pierre 5:10

Bénédictions!

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4 Commentaires

  1. Avatar

    J’ai eu l’impression de lire ma vie….c’est vrai que parfois croire en Dieu m’a fait plus de mal que de bien…mais cependant je n’ai pas su Lui tourné le dos. Aujourd’hui je me rends compte du temps que j’ai perdu en essayant de vivre sans Lui. Mais il m’a tant aimé, qu’il m’a gardé bien vivante alors que tout ce que je désirais était d’en finir avec cette souffrance interminable que de vivre…….Maintenant, je peux voir avec les yeux de mon coeur tout ce qu’IL a fait pour moi. Je suis comblé dans ce monde un peu fou. Je loue l’Éternel de m’avoir protégé même dans mon silence envers lui.
    merci pour ce beau texte Gina.

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    • Gina Oum

      Sois encouragée, Michelle. L’amour et la grâce de Dieu coulent en abondance.

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  2. Avatar

    Cette dure réalité est la notre.. Oui c’est extrêmement difficile de se se soumettre dans ces moments-là… Et mettons que c’est vrai tout ca , ce n’est pas évident…

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    • Gina Oum

      Bonjour Cécile, oui, je comprends très bien cela. La vie chrétienne n’est pas évidente et les déserts sont nombreux et parfois très longs. Dans ces cas là, comme écris dans l’article, acceptez ce qui est sans vous culpabiliser et attendez-vous simplement à Dieu. Le plus important, c’est de ne jamais Le lâcher, ne plus jamais revenir en arrière. Il ne vous a pas oubliée, soyez-en sûre.

      Bon courage à vous et que le Seigneur vous réconforte!

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