Ma piqûre de rappel

Ma piqûre de rappel

La semaine dernière, le Seigneur m’a fait une piqûre de rappel à travers un merveilleux film que je recommande vivement à toutes: Queen of Katwe, avec Lupita Nyongo. C’est l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui devient une championne d’échecs en Ouganda, malgré de dramatiques conditions de vie. Ce film inspiré d’une histoire vraie est terriblement poignant. J’ai pleuré tout le long, face au courage de la mère (jouée par Lupita).

Veuve, essayant tant bien que mal d’élever ses enfants dans un contexte d’extrême précarité, le sort semble s’acharner sans cesse, les injustices aussi. Et pourtant, jamais elle ne baissera les bras, allant de sacrifices en sacrifices mais ne sacrifiant jamais ses valeurs chrétiennes quand bien même cela lui aurait permis de refaire sa vie et de sortir de sa situation. Les douleurs de cette mère, les rêves et aspirations de cette enfant prodige, leurs actions de grâce devant des repas que je ne donnerais même pas à un animal… Oui, la piqûre de rappel a été brutale. Je n’avais pas autant pleuré depuis longtemps devant un film !

J’ai côtoyé cette précarité pendant de longues années au Cameroun, mon pays natal. Née d’une famille très modeste, je dois cependant reconnaître que jamais nous n’avons touché le fond comme cette famille dans le film. La vie était pourtant très dure et cette réalité m’a permis de développer des valeurs et convictions que j’ai longtemps chéries.

Et pourtant, vivant depuis 18 ans dans le confort et l’abondance des pays industrialisés, je me surprends à considérer pour acquises, voire même à être insatisfaite, des grâces que d’autres n’osent même pas concevoir dans leurs rêves les plus fous. C’est si facile d’oublier de tout est grâce. C’est si facile d’ignorer que d’autres prient pour ce qu’on peut se permettre de négliger ou de mépriser. C’est si facile de ne plus voir la main de Dieu au travers des petites choses quand on ne l’attend que dans les grandes. Sa fidélité s’illustre pourtant au quotidien, mais nous devons éduquer nos esprits et nos sens à ne jamais les laisser passer inaperçues.

Cultiver la gratitude devient une discipline spirituelle à ne plus négliger dans notre relation avec le Seigneur. Et parfois, il suffit juste de quelques minutes par jour pour s’arrêter sur les choses qui nous sont offertes, ces “petites choses” qui nous font apprécier la vie, ces “petites choses” qui parfois trop simples, trop routinières finissent par être zappées….

J’ai décidé de m’arrêter aujourd’hui pour lister ces petites choses qui font en ce moment sourire mon coeur et qui me rappellent que les plus grandes marques d’amour de mon Père céleste se manifestent dans la simplicité. Je veux en être davantage consciente.

Et vous ?

25 “petites” grâces qui me font aimer ma vie en ce moment

1. La première tasse de café crema du matin, dans mon mug Jérémie 31:3
2. Le tendre vert du gazon sous la pluie;
3. Les rires aux éclats de ma fille unique, la grâce que je n’attendais plus;
4. Les matinées silencieuses, seulement animées du chant des oiseaux dans mon jardin que je peux entendre parce que mes oreilles fonctionnent;
5. Le bruissement des feuilles des arbres doucement balayées par le vent;
6. Les eaux calmes du lac que j’observe depuis ma fenêtre et les yeux qui me permettent de le voir;
7. Le basilic de ma plate-bande qui se fortifie et le nez qui me permet de le sentir;
8. Pouvoir écrire à nouveau plus régulièrement, à la lumière électrique dont je peux payer les factures ;
9. Les livres de Gary Thomas qui répondent à nombre de mes questions et que je peux lire parce que j’ai pu aller à l’école;
10. Sherlock, la série télévisée britannique avec Benedict Cumberbatch que je peux visionner parce que j’ai les moyens de me payer Netflix;
11. Mon petit garçon qui apprécie (enfin) la nourriture qui lui est proposée;
12. Mes frères et soeurs en Christ, qui m’entourent de leur amour et qui prient avec ferveur pour ma famille et moi;
13. Ma ceinture lombaire qui soulage mes vertèbres douloureuses;
14. Le bon verre de Château Puyfromage qui accompagne mon plat de général Tao;
15. Les couleurs du coucher de soleil quand je roule sur la A10 le vendredi soir vers Granby;
16. “Ralentis le pas” et “Ce que nous voulons c’est toi” d’Émilie Charette; “There’s a cloud” et “Yours (Glory and Praise)” d’Elevation Worship;
17. Les projets et idées que Dieu dépose sur mon coeur pour mes soeurs de l’église;
18. Les longues conversations nocturnes avec mon mari;
19. La courageuse biche qui s’aventure paisiblement de jardin en jardin à la recherche de nourriture;
20. Les pivoines (ma fleur préférée) qui éclosent enfin sur ma plate-bande;
21. La conviction d’une importante faveur divine imminente qui bouleversera toute notre vie;
22. Le frigo plein;
23. Les récentes révélations de l’amour, de l’attention et des projets de Dieu à mon égard;
24. Ma perte de poids, lente mais constante;
25. Pouvoir m’habiller plus légèrement après le long hiver canadien.

Une liste qui paraît bien banale, je vous le concède. Mais au regard de la réalité que vivent d’autres, oui, je me sais privilégiée pour ces “petites” choses. Je n’ai rien fait pour les avoir et je n’ai pas plus Dieu dans ma vie que ceux qui sont dans la misère matérielle. Je dirais même que c’est le contraire. Tout est grâce. Absolument TOUT est grâce.

Bien-aimées, je vous encourage à visionner ce film. Vous pouvez vous plaindre comme plusieurs de voir un énième film hollywoodien donner une image de pauvreté de l’Afrique, ou vous pouvez réaliser que même en montrant les richesses du continent, il n’en demeure pas moins que la majorité vit encore cette pauvreté. Vous pouvez discourir vainement ou vous pouvez en tirer les leçons de gratitude qui conviennent, ne serait-ce que pour la possibilité que vous avez de lire cet article sur votre ordinateur ou sur votre smartphone.

Cultivons le contentement, ouvrons nos yeux sur ce qui nous devenu banal et ne négligeons plus jamais de rendre grâce au Seigneur pour tout ce que nous avons.
Beaucoup prient pour ce que nous prenons pour acquis. Souvenons-nous-en !

Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. – Ephésiens 5:20

Voici la bande-annonce. Je ne l’ai pas trouvée en français, mais le film est disponible en français sur Netflix.

Bénédictions !

 

J’ai 37 ans et j’ai réussi

J’ai 37 ans et j’ai réussi

Dans quelques jours, je vais fêter mes 37 ans. Et comme chaque année à la même date, le même bilan s’impose : où en suis-je de ma vie ? Quels progrès ai-je effectués ? Quel regard est-ce que je pose sur la vie ? Mais plus important encore, à quoi dois-je mesurer mon “succès” ?

Depuis toute jeune, comme beaucoup j’imagine, j’ai caressé de nombreux rêves et adopté l’échelle de valeur de la société pour mesurer ma vie.

¤ Étudiante, je mesurais le succès à mes bonnes notes, mes diplômes et ma capacité à me débrouiller toute seule.

¤ Pendant les 6 années où j’ai travaillé comme rédactrice, je mesurais le succès au nombre de personnes que j’arrivais à toucher par le biais de mes articles.

¤ Lorsque j’ai rencontré mon mari, j’ai mesuré le succès à l’aboutissement de notre relation : le mariage.

¤ En tant que mère de jeunes enfants, j’ai mesuré le succès à ma capacité à leur faire faire leurs nuits :-).

¤ En tant que femme du 21ème siècle, j’ai mesuré le succès à ma capacité à me faire aimer des autres et à atteindre les standards auxquels sont soumises les femmes d’aujourd’hui.

À bien y regarder, j’ai donc longtemps mesuré ma “réussite” à des éléments extérieurs sur lesquels je n’avais au final qu’un contrôle relatif, et je suis certaine que cela explique le nombre incalculable de fois où j’ai eu le sentiment de n’être qu’une succession d’échecs, plongeant mon âme dans la morosité et le sentiment d’inadéquation.

Aujourd’hui, à mesure que je médite sur ma vie de cette dernière année, je réalise à quel point j’ai besoin de la stabilité des standards que m’offre le Seigneur. Je fais face à mes limites, à mes frustrations, à mes rêves avortés et à mes espoirs suspendus… Je regarde à tout ce à quoi mon cœur continue d’aspirer et je regarde aux efforts fournis, parfois en vain pour tenir des courses superficielles. Je me sens fatiguée de la vie, fatiguée de l’énergie qu’il me reste encore à dépenser alors qu’il me semble en avoir déjà épuisé jusqu’à la dernière goutte. Mais une certitude demeure : j’aspire plus que jamais à la sérénité et aux joies simples. Je suis à l’intersection parfaite – celles où mes limites et mes faiblesses rencontrent sa force – pour permettre au Seigneur d’écrire une nouvelle page dans ma vie.

Je veux donc continuer de lui faire confiance même si ses voies demeurent encore trop opaques à mon goût. Poursuivre le cheminement dans l’attente, les activités répétitives, les oeuvres qu’Il me confie, mais aussi les frustrations récurrentes et les épreuves douloureuses ; tourner des pages et accepter des changements difficiles ; s’épanouir malgré tout dans l’attente, dans le silence et l’oreille du cœur plus que jamais aux aguets.

Car je ne peux tout simplement plus vivre comme avant, ni mesurer le succès de ma vie comme avant…
Car même si je le voulais, je ne peux désormais plus ignorer ce à quoi mon âme aspire réellement…

Alors, même si les standards conventionnels ne sont pas forcément des ennemis et peuvent s’avérer utiles par moment, quand mon souffle s’obstrue et quand mon âme devient confuse, je dois me souvenir que ma vie est en Lui et Sa vie est en moi. Mon développement intérieur à son image, voilà quelle doit être mon échelle de mesure, aussi abstraite puisse-t-elle paraître. Et en tant que chrétienne, ma “réussite” ne se mesure plus aux éléments extérieurs, mais bien aux progrès intérieurs, à ceux qui me rapprochent chaque jour un peu plus de son cœur…

Ainsi, quand je fais le bilan de cette dernière année, même si elle ne présente de prime à bord aucun changement d’envergure, je dois me souvenir des expressions de son amour à travers les transformations qu’il a opérées en moi et non forcément autour de moi, même s’ils sont nombreux également.

– En quoi suis-je différente de l’année dernière dans ma relation avec Lui ? Est-ce que je le connais un peu plus qu’il y a un an ? Est-ce que je l’aime plus qu’avant ?

– Quels aspects de mon caractère ai-je vu se transformer pour lui ressembler davantage au fil des derniers mois ?

– Quels fardeaux ai-je enfin réussi à abandonner avec confiance et assurance au pied de sa Croix ?

– Quels nouveaux pas de foi ai-je été capable de faire et dans quels domaines ?

Pour moi aujourd’hui, ce sont ces mesures qui comptent désormais. Et pour l’instant, c’est à elles que je veux évaluer ma “réussite”.

Je suis désespérément amoureuse de Lui…

J’aspire désespérément à l’aimer et à le connaître toujours plus…

Je prie désespérément pour me rapprocher chaque jour davantage de Lui. Encore plus, toujours plus, toujours toujours plus…

Oui, j’ai 37 ans et j’ai réussi. Parce que je l’aime d’un amour passionné; parce qu’il prend chaque jour un peu plus vie en moi; parce que je goûte chaque jour un peu plus à la liberté qu’il m’a acquise à la Croix, et parce que plus que jamais, je suis incapable d’envisager ne serait-ce que le temps d’un battement de cils, mon quotidien sans Sa présence…

Merci mon Dieu pour cette nouvelle année de vie. Puisses-Tu plus que jamais y régner en Maître de tous les instants.

Éternellement reconnaissante, je te suis.