Comment j’ai survécu

Comment j’ai survécu

Ces yeux ont vu des jours sombres,
Ce cœur a connu beaucoup de souffrances,
Cet esprit a combattu l’ombre,
Cette âme a perdu tout espoir, toute chance.

Ces yeux ont vu les êtres aimés s’évanouir,
Ce cœur a bâti des murs de fer,
Cet esprit a refusé de s’affaiblir,
Cette âme a enduré des chutes amères.

Ces yeux ont vu des batailles sans fin,
Ce cœur a été maintes fois blessé,
Cet esprit a surmonté son destin,
Cette âme a cherché à se relever.

Pourtant, d’une manière ou d’une autre, j’ai survécu…

Les traumas que ces yeux ont vus,
Les douleurs que ce cœur a ressenties,
Les peurs que cet esprit a combattues,
Les brisements que cette âme a subis.

Comment ai-je survécu ?
Ce n’était pas par hasard,
Ni par ma propre vertu,
Ni par la force de mes faibles bras.

Car ces yeux ont appris à voir Jésus,
Ce cœur a appris à aimer Son amour,
Cet esprit a cherché Sa paix, Sa lumière continue,
Cette âme s’est liée à la Source d’en haut chaque jour.

Ces yeux voient maintenant la vie en beauté,
Ce cœur déborde désormais de joie,
Cet esprit repose en parfaite sérénité,
Cette âme est maintenant sûre, délivrée de tout effroi.

Jésus,
C’est ainsi que j’ai survécu,
Oui, Jésus,
Il a guidé ces yeux, ce cœur, cet esprit, cette âme émue.

Elle a réussi sa vie

Elle a réussi sa vie

Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis: Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui.

Elle s’appelait Sarah Ludick Turner. Elle est morte le 4 mars 2024, cinq jours avant son 55ème anniversaire, emportée par un rare cancer qui a fait un retour fracassant dans sa vie…

Le décès de cette parfaite inconnue m’a dévastée. Sarah était une figure emblématique pour des milliers de jeunes mères, y compris pour moi. J’ai découvert ses écrits il y a bientôt 15 ans. Son engagement maternel, son dévouement à sa famille, son courage et sa foi inébranlable m’ont aidée à traverser les moments les plus difficiles de ma vie de jeune maman et de jeune femme dans une société qui méprisait et rabaissait celles qui faisaient le choix du foyer. À des kilomètres de là où elle vivait, Sarah était loin de se douter que ses nombreux textes partagés sur son blog Cloverlane encourageaient des milliers de mères en proie à de féroces luttes intérieures. Sarah a consacré sa vie à ce qu’elle croyait être sa plus haute vocation : élever ses enfants avec amour, sagesse et foi, et plus précisément en allant intentionnellement à contre-courant de ce que voulait lui imposer la société. Elle était une farouche défenderesse des valeurs traditionnelles. Pour elle, les enfants et la famille étaient réellement une bénédiction qui méritait le sacrifice de sa vie. Elle a enseigné à de nombreuses jeunes mamans que les choses les plus précieuses dans cette vie ne sont pas toujours les plus visibles ou les plus célébrées par la société, mais celles qui ont un impact durable sur les cœurs et les esprits. Elle est partie en laissant un puissant héritage à ses six enfants et un précieux témoignage à des milliers d’inconnues sur Internet. Sans le réaliser, le monde a perdu une grande dame.

Notre société valorise souvent le succès matériel, la reconnaissance publique et le plaisir immédiat. Nous sommes encouragés à poursuivre des carrières brillantes, à accumuler des biens et à rechercher des expériences instantanément gratifiantes. Pourtant, ces quêtes mènent bien souvent à une vie marquée par la confusion, l’insatisfaction et un vide intérieur abyssal. Les réseaux sociaux, avec leurs images soigneusement sélectionnées de réussite et de bonheur superficiel, exacerbent ce sentiment de manque. Nous courons après des illusions, en oubliant que le véritable épanouissement se trouve rarement dans ce qui est populaire, éphémère et matériel.

La Bible nous offre cependant une perspective radicalement différente sur ce qui constitue une vie digne d’être vécue. Jésus a dit : “Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance” (Jean 10:10). Cette abondance ne se mesure pas en possessions matérielles, mais en richesse spirituelle et en accomplissement intérieur. Les Écritures nous rappellent que “ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie” (Psaume 126:5) et que “ne nous lassons pas de faire le bien, car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas” (Galates 6:9).

Vivre une vie qui vaut la peine d’être vécue signifie donc embrasser le service, le sacrifice et l’amour désintéressé, des valeurs courageusement incarnées par des femmes comme Sarah Turner.  Renonçons donc aux mensonges que nous vend ce monde !  Une vie qui vaut la peine d’être vécue n’est jamais définie par les possessions ni par les reconnaissances extérieures, mais par les valeurs profondes et les impacts durables que nous laissons derrière nous. Sarah Turner a vécu cette vérité et son héritage m’inspire à faire de même, chaque jour, avec la même foi et avec le même dévouement. 

Qu’en est-il pour toi? Dirais-tu que ta vie vibre de sens et de profondeur ? Quelles sont les valeurs qui guident tes actions et tes décisions quotidiennes ? En sachant que la clé d’une vie épanouie réside dans le service désintéressé et dans l’amour authentique et sacrificiel, comment cela change-t-il ta façon de vivre ?

Peut-être que le temps est venu de te défaire de la prison des normes et des dictats,  et d’entrer dans la vie que Dieu te destine à toi tout particulièrement ? S’Il t’y appelle, Il sera avec toi. Et plus tard, comme en témoignent les enfants de Sarah Turner, tu quitteras ce monde avec la satisfaction d’une vie sagement investie et pleinement vécue. Tu jouiras d’un bon repos dans la présence du Maître, en lisant un bon livre à la plage et en dorant ton corps céleste au soleil éternel.

Farewell, Sarah! And thank you for the quiet but powerful impact you had on my motherhood journey.

En Lui.

 

 

Des épines en cadeau

Des épines en cadeau

Quand tu penses aux choses les plus précieuses de ta vie, t’arrive-t-il de considérer le chemin difficile qui t’a menée à ces trésors ? Les défis de vie que tu rencontres ont-ils tendance à te décourager ou plutôt à te motiver?

Certaines des plus belles choses que nous obtenons dans la vie viennent enveloppées d’une couronne d’épines. — Shannon L. Alder

Nous vivons dans un monde où les difficultés sont inévitables. Chaque jour peut apporter son lot d’épreuves, qu’il s’agisse de problèmes de santé, de soucis financiers, de conflits relationnels ou de crises personnelles. Les douleurs et les sacrifices font partie intégrante de notre parcours, et il est facile de se sentir submergée et accablée par ces épreuves. Pourtant, la Bible nous rappelle que ces moments difficiles ne sont pas sans but. Ils sont bien souvent le creuset qui permet d’affiner notre caractère et de renforcer notre foi.

C’est souvent dans ces moments d’épreuves que nous découvrons en effet des bénédictions cachées. Par exemple, face à une maladie grave, nous pouvons développer une nouvelle appréciation de la vie et de la santé, renforcer nos liens avec nos proches, et approfondir notre dépendance envers Dieu. Les difficultés financières peuvent nous enseigner la valeur de la simplicité, de la générosité et de la gestion sage des ressources. Les conflits relationnels peuvent nous pousser à la réconciliation, à la compréhension et au pardon. Tout dépend donc de la perspective que nous choisissons d’adopter au coeur de l’épreuve.

Jésus nous a dit :

Dans le monde, vous aurez des tribulations. Mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. – (Jean 16:33)

Cette promesse est une source immense de réconfort et de force. Elle nous assure que, malgré les tribulations que nous rencontrons, nous ne sommes pas seuls. Jésus qui a lui-même souffert et surmonté les pires épreuves, marche avec nous dans nos propres souffrances. Sa victoire sur le monde signifie que les douleurs présentes ne sont pas la fin de l’histoire. Elles sont temporaires et font partie du grand plan de Dieu pour notre vie.

Ces tribulations peuvent aussi nous rapprocher de Dieu. Lorsque nous sommes au plus bas, nous sommes souvent plus ouverts à sa présence et à sa direction. Les moments de prière deviennent plus sincères, les lectures bibliques plus significatives et notre écoute du Saint-Esprit plus attentive. En traversant les vallées de l’ombre, nous apprenons à connaître Dieu non plus seulement comme un concept théologique, mais comme un Père aimant, un Consolateur fidèle et un Ami proche.

Chaque épreuve est ainsi une invitation à approfondir notre relation avec Dieu et à découvrir les richesses de sa grâce. Ces bénédictions cachées ne se révèlent pas toujours immédiatement, mais avec le temps et la perspective, nous apprenons à voir comment Dieu a travaillé dans nos vies à travers les moments de douleur et de sacrifices. Il transforme nos tribulations en témoignages de sa fidélité et de sa puissance rédemptrice.

Voici quelques questions que je t’invite à méditer :

  • Quels sont les moments de ta vie où tu as trouvé de la beauté au milieu de la souffrance ? Comment ces expériences ont-elles transformé ta foi et tes priorités ?
  • Que ferais-tu différemment si tu savais que chaque épreuve que tu traverses mène à une bénédiction plus grande ?
  • Crois-tu réellement que Dieu utilise chaque moment de souffrance pour te préparer à quelque chose de plus beau ?

Ces questions nous confrontent à notre perception des épreuves et à notre foi en la promesse que Dieu travaille toutes choses pour le bien de ceux qui l’aiment (Romains 8:28). Et la Bible nous enseigne aussi que “les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée en nous” (Romains 8:18). Jésus lui-même a porté une couronne d’épines, et à travers ses souffrances, il a apporté la rédemption au monde (Jean 19:2, Hébreux 12:2). Ce fait nous rappelle que nos propres épreuves peuvent également aboutir à des résultats merveilleux, même si nous ne les voyons pas tout de suite. 

Alors, comment devrions-nous vivre nos vies au milieu de ces épreuves ?

Nous sommes appelés à les embrasser avec patience et foi, sachant que ces moments sont des occasions de croissance spirituelle et de préparation pour les bénédictions à venir (Jacques 1:2-4). Nous devons porter notre propre croix chaque jour et suivre Jésus, confiantes dans le fait que chaque épine est un pas de plus vers la couronne de gloire (Luc 9:23).

Les épines que nous rencontrons sur notre chemin ne sont pas là pour nous faire tomber, mais pour nous rappeler que chaque souffrance est une opportunité pour découvrir la beauté cachée de la vie en Christ. Restons fortes et confiantes, car de nombreuses bénédictions de Dieu, bien qu’enveloppées de souffrances, sont infiniment précieuses et éternelles.

En Lui.

 

 

Une maison, une histoire

Une maison, une histoire

Nous avons quitté la France à une époque où l’un des rêves les plus importants d’une vie était celui de devenir propriétaire d’une maison. Mais pas seulement un bien immobilier! Une maison qui serait porteuse d’une histoire, un héritage pour plusieurs générations. Mes parents vivent dans la leur depuis 35 ans. Mes beaux-parents depuis 38 ans. L’objectif a toujours été de transmettre ce bien à leurs enfants, avec toute l’histoire qu’elle contient, dont elle a été témoin.

Nous avons vécu dix ans au Québec dont neuf dans la même maison, dans le même quartier. Nous n’avions pas les moyens d’être propriétaires à ce moment-là, mais nous avons été les témoins d’une approche bien américaine de la propriété immobilière. Ici et dans nos nouvelles générations, la maison n’est plus ce symbole familial, elle n’est plus “une poire pour la soif”. On ne chérit plus le plaisir de mesurer les petits-enfants à la toise qui mesurait jadis la taille des parents dans la cuisine. On ne fait plus cas des empreintes de grand-père laissées dans le béton du sol de la véranda, ou de la bénédiction gravée au tournevis dans le poteau du salon, ou de la malle de souvenirs de guerre qui prend la poussière dans le grenier. La maison n’est plus qu’un vulgaire bien de consommation, au même titre qu’un bagel acheté à l’épicerie. Et tandis que mon coeur s’attristait de voir les jeunes années de mes enfants défiler dans un lieu qu’il nous faudrait tôt ou tard quitter, je voyais mon quartier se transformer, des jeunes arriver, acheter puis revendre toutes les deux années, la forêt qui enchantait notre environnement se faire raser pour y faire pousser des petites boîtes dont les propriétaires changeaient avec une affolante rapidité. Je ne juge pas. Les mentalités sont bien autres et les valeurs ont bien changé. À peine au début de ma quarantaine, j’ai juste l’impression d’être déjà un dinosaure mélancolique, une race en voie de d’extinction qui continue malgré tout de croire que les quatre murs qui abritent nos quotidiens sont bien plus que des murs, qu’ils sont des sanctuaires et des lieux de ministère à chérir, parce qu’ils renferment la capacité de fournir d’importants repères à nos descendants dans un monde de plus en plus en proie à la confusion.

Nos maisons nous offrent l’occasion unique de faire écho à la guérison, à la restauration, à la joie et à la rédemption que notre créateur donne avec tant d’amour et de liberté. — Kennesha Buycks

La prière pour ma maison familiale est l’une de celles que j’ai le plus souvent faite à Dieu. Et 23 ans plus tard, il y a répondu ! Nous y habitons depuis trois mois au moment où j’écris ces lignes, et il m’arrive encore de devoir me pincer pour réaliser l’ampleur de ma bénédiction, particulièrement dans un temps où l’économie ne nous aurait pas permis d’acquérir un tel bien sans la grâce de Dieu : une maison qui a traversé les épreuves du temps, une maison avec une âme, avec une histoire.

Mais…

Mais j’ai néanmoins aménagé dans cette maison avec un pincement au coeur. Il vient du sentiment d’avoir “loupé le coche”. Mes enfants ont bien grandi maintenant, et j’ai l’impression d’avoir manqué ces souvenirs que je rêvais de créer et de leur laisser dans la maison familiale qui leur aurait été transmise après mon départ. Ils passent désormais les 3/4 de leur temps en dehors de la maison. Le plus grand, désormais adulte et indépendant, n’y aura jamais vécu. Les grandes tablées dominicales dans le jardin n’auront pas eu lieu. Ils sont désormais trop grands pour un trampoline, trop grands pour commencer une toise sur le mur de la cuisine, trop grands pour que cette maison renferme leurs petites histoires et souvenirs d’enfance. Trop grands, trop vite…

J’ai déversé cette tristesse devant Dieu. Il m’a fallu faire le deuil de la maison familiale de mes vingt ans pour commencer à prier un nouveau rêve, à oeuvrer pour une nouvelle vision : celle d’une maison qui raconterait quand même une histoire. Peut-être pas celle de l’enfance de mes petits, mais l’histoire de multiples restaurations dont elle aura été le témoin. D’abord la mienne, celle de ma famille, puis celle de tous ceux que Dieu enverra entre ses murs. J’ai décidé d’en faire avec Dieu un lieu d’accueil et de sérénité, un endroit qui serait certes matériellement accueillant, mais qui respirerait avant tout la présence accueillante et régénératrice du Saint-Esprit.

Alors j’ai prié. J’ai prié pour que Dieu nous devance dans ce lieu que nous avons acheté par la foi, sans la voir ni la visiter ni même la faire inspecter professionnellement. Et quelle ne fut pas ma joie d’entendre depuis trois mois de la bouche de chacun de mes visiteurs, croyants et non-croyants, les mêmes mots que j’ai priés avant notre arrivée : “sensation d’une forte présence de Dieu”, “sérénité”, “impression d’être accueillis”, “paix”, “beauté”, “confiance évidente”… Et que dire de ma famille ?! Mes enfants s’y sentent “comme s’ils y avaient toujours vécu” et ne retourneraient pour rien au monde au Québec! Idem pour mon mari et pour moi. Alors les souvenirs d’enfance n’y sont pas, mais Dieu dans sa bonté a transcendé notre histoire en la liant désormais à celle de ce foyer. C’est une grâce dans laquelle je me réveille maintenant chaque matin, avec la conviction affermie que rien ne nous oblige à suivre le mouvement ambiant. Nous pouvons refuser de faire de nos maisons de simples biens de consommation. Nous pouvons continuer de croire que nos murs pourront raconter des histoires aux générations futures, des histoires de rédemption, de restauration, d’amour et de partage, des histoires qui prendront racine dans le coeur de nos enfants, des histoires qui auront été moulées entre les quatre murs d’un foyer chéri, entretenu, valorisé et offert en héritage avec tout ce qu’il renferme. Comme au bon vieux temps… Comme au temps “Carte postale” de Francis Cabrel, dans cette vieille France que j’ai connue et aimée.

Nous voulons que nos maisons accueillent ceux qui pénètrent dans un espace qui ne fait pas seulement appel à nos sens visuels mais aussi à l’âme. Un espace qui témoigne de là où nous en sommes, quelque soit la saison de vie que nous traversons. C’est un foyer que seul Dieu peut offrir, et c’est un foyer que vous ne pouvez offrir qu’au moyen d’une relation restauratrice avec Lui. — Kennesha Buycks

Mais j’ai aussi compris que nos maisons précédentes avaient compté pour le temps où elles avaient abrité notre famille, même si nous n’étions pas propriétaires. Elles font partie de notre histoire, parce que ce n’étaient pas seulement quatre murs, mais un foyer que j’avais fait l’effort à chaque fois de m’approprier.

Ainsi, sachez que ce moment, en ce lieu, fait partie de votre histoire, où que vous soyez. Il peut être cette partie de l’histoire où vous boudez et vous plaignez au point de rendre tout le monde misérable autour de vous à cause de votre coeur insatisfait, ou alors il sera cette partie de l’histoire où vous vous appuyez sur Dieu en lui permettant de rediriger votre vision pour créer un foyer avec une histoire qui profitera à tous et qui glorifiera son nom. Il n’est pas trop tard pour écrire l’histoire de votre maison. À 43 ans, j’en commence une nouvelle. Et elle s’annonce très belle !

Je louerai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. – Psaume 146:2

 

 

Trouver les essentiels de la vie

Trouver les essentiels de la vie

Nous habitons depuis peu une toute petite ville où nous avons la bénédiction d’avoir un immense centre culturel qui propose de plaisantes activités durant l’année. Ma liberté retrouvée me permettait désormais de prendre le temps de (re) vivre une vie en dehors de l’Église et de recommencer à nourrir des plaisirs simples. Nous nous sommes donc rendus à l’ouverture de la saison culturelle qui proposait le vernissage d’une artiste africaine suivi d’un concert d’un groupe de la région. C’était une sublime soirée.

Je déambulais devant les tableaux, mon verre de vin rouge à la main, lorsqu’une pensée me saisit : il y a à peine trois ans, de telles activités étaient interdites. Le monde s’était comme arrêté et nos vies étaient cantonnées à nos intérieurs, ou au mieux derrière masques et vitrines de protection. Cet isolement forcé et la brutale réalisation que nos vies et libertés prises pour acquises pouvaient subitement prendre de nouveaux détours, ont  conduit plusieurs à revoir leurs priorités, leurs essentiels. Bombardés par le terme “essentiel” dont tous les médias faisaient leur refrain et face à la brutale découverte du vide que nous avaient laissé les poursuites matérialistes auxquelles nous avions sacrifié nos vies, nombre de résolutions ont été prises. Beaucoup ont pris la décision du retour à une vie moins agitée, plus centrée sur les essentiels. Malgré les contraintes imposées, la vie était  soudainement devenue plus simple à bien des égards. Fallait-il vraiment courir tout le temps? Fallait-il vraiment se forcer à supporter la vie bruyante et oppressante des grandes villes ? Nos poursuites valaient-elles vraiment qu’on sacrifie constamment nos visites à grand-maman? Pourquoi aura-t-il fallu une pandémie pour découvrir les changements qui s’étaient opérés en nos maris, en nos enfants, ou les besoins les plus importants de nos âmes?

Ainsi, les vies qui ont été transformées pour le meilleur sont celles qui ont permis à la pandémie de leur enseigner ou de leur rappeler les essentiels de la vie. Mais pour la majorité, une fois les contraintes et limites passées, tout est revenu “à la normale”, comme si on s’était simplement réveillés d’un mauvais rêve.

Pour ma part, ce fût un heureux rappel et un appel à revaloriser davantage ce qui était réellement indispensable pour ma famille et pour moi. C’est aussi dans cette saison que Dieu a “resserré mon couloir” en clarifiant son appel pour ma vie, mais aussi en me révélant les aspects où je ne devais plus faire de compromis. Ces trois ans ont été une dure lutte pour retrouver une espèce d’équilibre et pour embrasser ces nouvelles dimensions de mon être que Dieu déployait devant moi. Voici donc à quoi ressemblait cette liste d’essentiels pour moi durant ces trois années :

  • Le temps passé en famille et en couple
  • L’éducation plus personnalisée de mes enfants
  • Faire et manger de la bonne nourriture
  • Soutenir nos restaurants locaux préférés
  • Garder le contact avec les personnes esseulées
  • Continuer d’enseigner les femmes, même si j’abhorrais la froideur des rencontres en virtuel
  • M’affermir quotidiennement en Dieu dans ma personne, dans mon appel, dans mes convictions et dans mon équipement

Avec la reprise et à mesure que le temps passait, je me retrouvais de plus en plus en conflit avec la femme que je devenais, les exigences incohérentes qu’on faisait peser sur moi et les essentiels retrouvés de ma vie. Jusqu’à ce que Dieu me libère de ce conflit intérieur pour m’accorder désormais la grâce de ne plus avoir à lutter, de ne plus avoir à choisir et de pouvoir être entière en Lui, libre de vivre une vie davantage en accord avec ce que je suis et ce à quoi mon âme aspire : vérité, simplicité, authenticité et service dans son repos.

La spiritualité nous permet de dépasser les choses superficielles de la vie, de poser des questions plus profondes sur le but et le sens de la vie. — John P. Weiss

Ainsi, depuis plusieurs mois, j’ai l’impression d’être désormais sortie d’un long tunnel qui aura finalement eu le mérite de me former et de me forcer à embrasser la femme que je suis réellement, ainsi que le cheminement particulier que Dieu me réserve. J’ai recommencé à voir et je ne veux plus être aveugle aux multiples grâces qu’on prend trop facilement pour acquises, même après que la pandémie nous ait rappelé que tout était finalement bien fragile. Déambuler librement sans masque dans une galerie d’art, partager librement un plateau de fromages et de vins délicats avec des dizaines d’amateurs d’art, déguster la soupe du pays à la même table que l’artiste, danser sur ma chaise en tapotant du pied sur les airs de la musique country-rock de La Patente… Partager une soirée découvertes et bien d’autres avec ce mari et ces enfants que je n’avais plus réellement vus depuis des années, pas sans qu’une interminable liste de choses à faire de défile en arrière-plan dans ma tête quand j’étais avec eux en tout cas. Revaloriser les vrais essentiels et les vraies priorités, finalement, voici à quoi m’aura ramenée la pandémie, mais aussi la fin abrupte de mon ministère en église dont Dieu s’est aussi servi pour faire un grand ménage autour de moi et pour me faire quitter une table où l’hôte me servait du poison.

Il faudra donc parfois un drame, un accident, un deuil, une perte quelconque, une maladie ou une pandémie pour nous ouvrir les yeux sur ce qui est vraiment essentiel dans une vie. Mais faut-il vraiment attendre que l’une ou l’autre de ces choses se produise?  Je sais par expérience que Dieu nous fait souvent des “appels du pied” pour nous inviter à reconsidérer nos poursuites et pour nous ramener à ce à quoi Lui donne réellement de l’importance. Mais bien souvent, nous ignorons ces signes tant nous avons relié nos “essentiels” à nos accomplissements extérieurs et aux fruits et louanges qu’ils nous font gagner de la part des autres. Nous avons encore tant à apprendre et à imiter des essentiels que la vie de Jésus nous a enseignés ! Nous devons intentionnellement nous libérer des définitions de l’essentiel dont nous abreuve l’Église évangélique contemporaine !

Mais il n’est pas trop tard. N’attendons pas qu’un gouvernement nous les rappelle lors d’une prochaine pandémie. N’attendons pas que la perte d’un être cher nous le rappelle. N’attendons pas qu’un désert spirituel nous le rappelle non plus. Parfois, Dieu nous fait la grâce de permettre des circonstances qui vont nous faciliter le retour à ces essentiels dans nos vies, mais nous pouvons d’ores et déjà recommencer à les poursuivre en faisant un examen honnête de ce que nous poursuivons et de la valeur ajoutée que ces quêtes ont dans nos existences et dans celles de nos proches. La paix intérieure qu’on y gagne n’a pas de prix.

Car tout ce qui restera au final, tout ce qui sera vraiment révélateur de ce que vous avez été, c’est la valeur que vous aurez accordée à la seule chose qui était vraiment essentielle : l’amour, simplement.