Hospitalité et culture

Hospitalité et culture

Il y a quelques temps, j’ai surpris mes garçons dans une discussion passionnée. Ils tentaient tour à tour de se souvenir des sensations que leur avait procuré un repas pris quelques jours auparavant en famille dans un restaurant de Montréal. À les entendre, on aurait juré qu’ils avaient les plats sous leurs yeux et les fumets du repas qui s’élevaient encore vers leurs narines ! Les souvenirs liés à la nourriture sont décidément les plus marquants, du moins dans ma famille ! Et pour moi, c’est l’un des éléments fondamentaux d’une belle hospitalité, non par la quantité et la variété des plats qu’on est capable de présenter à nos invités, mais plutôt par la capacité que la nourriture a de bien disposer les coeurs et de les inviter à s’ouvrir, quelque soit la culture.

J’ai vécu dans quatre pays et quatre cultures assez différentes et si j’ai bien appris une chose, c’est que la définition de l’hospitalité varie souvent. Seule reste stable, l’impact de la nourriture dans les rencontres et dans les connexions.

En Afrique par exemple, mon enfance a été marquée par les immenses tablées préparées par les femmes de la famille à Noël et à Pâques. Dès l’aube, mères, filles, tantes et cousines se retrouvaient dans les cuisines pour préparer l’énorme repas qui serait ensuite partagé pendant de longues heures autour de la grande table en bois fabriquée par mon père. J’étais souvent de corvée de dé-plumage de poulets ou de dépeçage de vipère ou de couleuvre rapportées de Boumyebel par mon père. Le destin de ces dernières ? Mijoter dans un bon Mbongo Tchobi accompagné de plantains mûrs, de macabos ou de Bakoa’a kogo. J’aimais particulièrement ce temps de l’année, le seul où mon père m’autorisait à boire un verre du délicieux vin de palme fraîchement récolté par mes oncles et cousins. Plus tard, après avoir décoré de guirlandes en papier mon petit sapin de fortune provenant d’une branche de pin généreusement offerte par les Parker, nos voisins anglais, je m’empressais de dresser la table et de disposer les nombreux plats : taboulé garni, oeufs mimosa, salades composée, Binsia (plantains frits), l’incontournable Mfiang Ndock de ma mère accompagné de son Ntumba (plantain pilé), bars et maquereaux à la braise accompagnés de bâtons de manioc et de sauce piment, Ndolè au boeuf et crevettes avec ses miondos, Sanga’a que je noyais dans le sucre, poulet braisé et/ou à la sauce tomate avec du riz sauté, Zo’om (sorte d’épinards sautés) avec ou sans arachides, mets de pistaches et, les bonnes années, un mets d’arachides pour mon plus grand plaisir ! Il me suffit de lister ces plats pour en sentir encore les odeurs, plus de vingt ans plus tard. Mais je me souviens surtout de l’ambiance générale qui rendait cette journée si spéciale dans mon coeur de jeune fille. L’hospitalité ici était marquée par ces temps de cuisine collective qui réconciliait la famille. On s’accueillait et on se pardonnait sans même avoir besoin d’échanger le moindre mot. Il n’était plus question d’aborder les différends qui avaient pu nous opposer durant l’année. Tout le monde s’accordait tacitement pour faire de cette journée, un mémorable temps de partage et de dégustation. Chacun contribuait à la hauteur de ses moyens et la journée se vivait et s’achevait dans la joie, les estomacs bien repus. Ces moments sont ceux qui me manquent le plus depuis que j’ai quitté ma terre natale…

De manière générale, quand il s’agit de recevoir, la coutume en Afrique est de cuisiner tout le repas avant l’arrivée des invités de sorte à rester disponible pour ceux-ci. Les invités plus audacieux (impolis?) n’hésitent pas à apporter un sac en plastique pour faire le plein de restes, des restes parfois généreusement offerts mais souvent discrètement dérobés. En Afrique, l’hospitalité rime avec satiété. Et c’est certainement de là que je tiens ma logique de toujours associer hospitalité et nourriture.

Direction l’Allemagne. Je n’y suis pas restée suffisamment longtemps pour en explorer toutes les coutumes hospitalières, mais une chose m’a choquée dès mon arrivée : Oui, les Allemands invitent, mais rarement chez eux et très souvent au restaurant. Mais surtout, méfiez-vous ! L’invitation pour les Allemands se limite à vous proposer chaleureusement d’aller ensemble au même endroit. Une fois sur place, sachez que vous devrez payer votre part ! Les serveurs vous poseront systématiquement cette question, même si vous avez clairement l’air en couple : “zusammen oder getrennt (ensemble ou séparément)” ? Si donc vous êtes une pauvre étudiante aux poches vidées par le loyer et les factures comme je l’étais, assurez-vous toujours de bien savoir qui paiera la note lorsqu’un Allemand vous invite. Pour eux, c’est tout naturel et culturel, mais pour vous cela peut causer un véritable choc. L’hospitalité pour l’Allemand consiste dans le temps qu’il offrira de partager avec vous, sa disponibilité pour vous à un moment bien précis. Vous passerez un bon moment, mais vous paierez votre part.

Direction la France et sa fameuse “Bonne franquette” ! En France, on invite, on partage. Dans les années 80 quand j’y ai grandi, l’approche était plus du type : ” Je cuisine et tu viens manger.” Généralement, les invités apportaient un bouquet de fleurs à l’hôtesse et/ou une bouteille de vin. De nos jours, même si cette approche demeure, la tendance est de plus en plus au repas collectif : chacun apporte un élément du repas (entrée, plat ou dessert ) et on partage le tout. L’essentiel c’est d’être ensemble et de perdre le moins de temps possible à faire la popote. L’hospitalité se manifestera donc surtout par la disponibilité et par notre capacité à interagir avec nos invités.

Direction le Canada où je vis depuis maintenant sept ans. Encore fortement empreinte de ma conception africaine de l’hospitalité, j’ai souvent été indélicate sans le vouloir avec mes invités, ou prise de surprise lorsque j’étais invitée chez les autres. Invités une fois chez des frères et soeurs en Christ, nous nous sommes retrouvés parents et enfants à cuisiner tout le repas ensemble avant de pouvoir passer à table. J’ai été fascinée par cette approche, mais ce fût surtout une grande leçon pour moi de voir cette soeur faire confiance à mes jeunes enfants dans sa cuisine plus que je ne l’avais jamais fait. Ils étaient heureux et si fiers de découper les légumes et même de les goûter ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Ce fut un des plus beaux moments de nos débuts au Canada.

Une autre fois, un couple de l’église s’est spontanément proposé de venir dîner chez nous après le culte. Prise de court, les seules choses  auxquelles je pensais, c’était à mon frigo vide et à ma maison laissée en désordre. Ils ne nous ont pas vraiment laissé le choix et ils ont bien fait ! Un saut rapide à l’épicerie pour prendre une salade César, une baguette de pain, un poulet rôti, une tarte aux pommes et une bouteille de vin et tout était plié ! L’adepte de la planification que je suis était abasourdie par leur promptitude et leur spontanéité. Ils m’ont sorti de ma zone de confort pour la bonne cause. C’est aussi l’un des plus mémorables moments fraternels que j’ai vécu depuis notre arrivée.

Dans le cadre du ministère, nous organisons des tables où les femmes sont invitées à venir partager un repas déjà préparé pour elles. Pour autant, l’une d’elles est arrivée une fois avec un sac plein de nourriture, rien de surprenant quand on connaît sa grande générosité ! Et je ne compte plus le nombre de fois où les invitées m’ont demandé ce qu’elles pouvaient apporter. Au début, j’ai trouvé cette question irritante, pour finalement comprendre que c’était tout simplement culturel. Au Québec, les gens se sentent accueillis quand ils peuvent contribuer, et l’hospitalité passera donc par le fait de leur offrir la possibilité de contribuer concrètement à l’occasion qu’on leur offre. Depuis, j’ai appris à accepter les propositions de contributions qui me sont faites. Mieux, je réalise aussi qu’elles allègent la charge et cela m’encourage à inviter plus souvent, sachant que je n’aurai pas à tout cuisiner toute seule.

Mais mes vieilles habitudes ont la peau dure. Je demeure une grande adepte de la réception à l’africaine et mon plus grand bonheur, c’est de voir les gens se sentir chez moi comme chez eux. L’une des scènes les plus marquantes de mes sept années dans ce pays a été de voir un de mes invités réguliers se diriger spontanément vers mon réfrigérateur, tout en me parlant, pour aller chercher du beurre ! Ce n’est qu’une fois la main sur la porte qu’il a réalisé qu’il n’était pas chez lui et m’a demandé, embarrassé, si j’avais du beurre pour son morceau de pain. Il ne l’a jamais su, mais cette petite scène cocasse a fait sourire mon âme et c’est l’un des plus beaux témoignages qu’il m’ait rendu à ce jour : il se sent bien chez moi, il se sent chez moi comme chez lui.

J’ai donc appris qu’en matière d’hospitalité et de culture, il est important de saisir les nuances et de s’adapter tout en conservant précieusement ce qui fait notre particularité. Accueillir l’autre, c’est accepter que sa façon de faire soit différente de la nôtre et voir cette différence comme une richesse et non comme un obstacle. Accueillir l’autre, c’est aussi l’inviter à la découverte de notre culture sans pour autant la lui imposer bon gré, mal gré. En s’y prenant avec humilité, amour et patience et en acceptant certains compromis (comme de ne pas trop épicer votre repas traditionnel quand ceux à qui vous souhaitez le faire découvrir ne sont pas habitués aux épices !), on s’aperçoit vite que l’être humain a une saine curiosité qui rapproche même les cultures les plus opposées.

Pour ma part, je veux rester ouverte aux autres cultures tout en continuant de chérir ce qu’il me reste de la mienne. Quand je reçois, je veux pouvoir apprécier les dons de présence qui me sont faits tout en offrant la mienne dans sa version la plus authentique qui soit. Christ nous a commandé d’aimer les autres et d’exercer l’hospitalité. Si ma culture et mes traditions m’aident à atteindre cet objectif, tant mieux. Mais si elles m’en éloignent, alors en tant que chrétienne, je dois être capable d’en revoir humblement certains aspects. Au final, ce qui comptera vraiment, ce n’est pas l’extase de mes invités à la dégustation de mes plats exotiques. Ce qui comptera, ce sera l’accueil que j’aurais fait à leur culture, l’amour et le respect que je leur aurais manifestés malgré nos différences. Et de toutes les façons, en Jésus-Christ, il n’y a plus qu’une seule culture qui compte : celle de l’amour.

Photo de Streetwindy Photography provenant de Pexels

Le coeur de l’hospitalité : parler et écouter

Le coeur de l’hospitalité : parler et écouter

Je faisais mes tous premiers pas vers une renaissance relationnelle après des années où toute ma vie n’avait tourné qu’autour de ma famille. J’avais tellement hâte de vivre cette rencontre, de prendre ce café et de parler enfin avec une femme de ma génération, à coeur ouvert, une femme qui semblait sincèrement vouloir découvrir qui j’étais. Mais j’espérais aussi trouver une amie, la première depuis de nombreuses années. Je ne voulais pas laisser passer ma chance, alors c’est le coeur plein d’entrain que je me suis présentée pour vivre un moment exceptionnel.

Mais après deux heures dans ce café, le soulagement sur son visage au moment de partir et la phrase très tranchante répétée à deux reprises par mon interlocutrice m’ont fait réaliser le fiasco d’une soirée que j’avais pour ma part jusque là bien vécue. J’étais sous le choc, incapable de prononcer un seul mot sur tout le trajet commun du retour. Je ne comprenais pas… Nul besoin de préciser que mes relations avec elle n’ont jamais décollé suite à ce premier échange, malgré quelques essais toujours restés infructueux. Mais je me suis repassée en boucle cette première soirée pour en tirer les leçons nécessaires. Qu’est ce qui n’avait pas marché?

Pour être honnête, le fait est que sur les deux heures que nous avons passées ensemble, j’ai probablement parlé durant 1 heure et 30 minutes à moi toute seule ! Pour ma défense, elle posait beaucoup de questions. J’y ai vu une sincère envie de me connaître, mais je n’avais pas réalisé qu’elle n’avait peut-être pas besoin d’avoir autant de détails pour chaque question ! Je suis une femme de contexte, une femme de détails. Et hélas, le dicton selon lequel “le diable est dans les détails” semble bien s’être vérifié à mon sujet ce soir là, du moins à ses yeux. Du coup, je lui ai effectivement laissé peu d’espace durant cette soirée, partant du principe que ce n’était que la première rencontre du longue série. Je me trompais. En parlant autant ce soir là, j’ai manqué d’hospitalité envers elle. Je ne lui ai pas offert de place dans mon coeur ni dans mon écoute pour accueillir son histoire. J’ai été égoïste en ne voyant que l’occasion que MOI j’avais enfin de pouvoir me faire connaître. Et de son côté, le tranchant et la rudesse de son commentaire final ont eu l’effet d’un poignard sur mon âme. J’aurais tout autant compris la leçon avec un peu plus de douceur…

Cet embarrassant épisode m’a énormément appris sur l’importance de l’hospitalité qui vient de l’écoute. Et pour la jeune leader de ministère que j’étais, c’était une leçon importante à apprendre. Savoir écouter, c’est tout un art, mais un art qui mérite d’être acquis pour le bien de nos relations : celle avec Dieu tout d’abord, et celle avec les autres. Quand on écoute, l’autre se sent accueillie. On donne de la place à son histoire, on lui offre une avenue qui la valorise. La qualité de notre écoute est une invitation pour la personne. On lui permet d’être elle-même. Et dans le monde toujours surbooké dans lequel nous évoluons aujourd’hui, prendre le temps d’écouter quelqu’un est l’un des plus précieux cadeaux que vous puissiez offrir.  La qualité d’une relation se définira dans un subtil équilibre entre parler et écouter.

Jacques 1:19 nous exhorte à être prompt à écouter et lent à parler. Pour savoir écouter, il faut vouloir sincèrement s’intéresser à l’autre. Cela demande d’avoir l’humilité de cesser de penser à soi et de cesser de parler de nous suffisamment longtemps afin de le/la laisser s’exprimer à son tour.

J’ai tiré la leçon et humblement mis devant le Seigneur mon besoin de mieux écouter. J’ai depuis été immensément bénie par les témoignages que je prenais le temps d’écouter et j’ai développé des relations authentiques avec de nombreuses femmes. Dans mon ministère, nous organisons des “Tables” qui permettent régulièrement à six nouvelles femmes de se découvrir pour la première fois, dans un contexte intime où l’histoire de chacune est partagée, entendue et accueillie. Et de là se tissent des liens qui contribuent à la communion dans l’église. C’est une des activités du ministère qui bénit le plus les femmes et qui s’avère nécessaire dans une église en croissance où elles peuvent facilement se retrouver isolées. Au début de la rencontre, chacune peut arriver avec des appréhensions ou même des aprioris. Mais au fur et à mesure que l’équilibre entre parler et écouter s’établit, les épaules se relâchent et les langues se délient. Deux heures plus tard, elles en ressortent enrichies et bénies, heureuses de ne pas avoir manqué l’opportunité de découvrir d’autres femmes fascinantes, aux témoignages de vie inspirants qu’elles auront tour à tour pris de temps d’exprimer et d’écouter.

Aujourd’hui, j’écoute définitivement deux fois plus que je ne parle et j’en suis la première bénie. J’ai vu que la personne écoutée se sentira toujours mieux accueillie que la personne à qui on offre le meilleur des festins, mais dans une abondance de paroles. Je veille à cultiver la discipline de m’intéresser sincèrement aux autres, pas par une curiosité malsaine, mais parce que leur histoire compte vraiment pour moi. Et ce type d’hospitalité cultive la générosité de coeur, celle qui est d’une grande valeur pour le Seigneur.

Ecclésiaste 1:8 Tout est en mouvement, plus qu’on ne peut le dire. L’oeil ne sera jamais rassasié de voir et l’oreille ne sera jamais remplie au point de ne plus pouvoir écouter.

La nourriture, cet Évangile

La nourriture, cet Évangile

Quand on regarde à la vie de Jésus, l’une des choses les plus frappantes est le nombre de fois où il a exercé son ministère autour d’une table. Et à bien y regarder dans nos propres vies, je crois que nous gardons toutes au moins une situation dans laquelle la nourriture a été la “Bonne Nouvelle”, pas pour son originalité ni même pour la beauté du décor dans lequel elle était servie, mais simplement pour le bien, le réconfort et la guérison qu’elle a transportés avec elle en nous, dans une circonstance particulière de notre vie et à travers des canaux humains de l’amour divin. Oui, la nourriture est une forme d’Évangile, et un repas servi avec amour et attention peut être un puissant véhicule de la tendresse divine pour ceux qui le reçoivent.

Je partageais récemment avec des amis sur la question, et à l’issue de la discussion, je me suis prise à repenser à ces moments de ma vie où la nourriture a été la “Bonne Nouvelle” dont mon âme avait besoin.

En voici 5 qui m’ont particulièrement marquée.

1. Un encourageant cadeau de bienvenue

Il était temps pour nous de quitter la grande ville pour trouver le cadre dans lequel nous voulions nous épanouir avec notre famille qui s’agrandissait. Ce petit coin de l’Est de la France était tout ce dont je rêvais, à une grande exception près : la population semblait ne jamais y avoir vu de Noirs ! Partout où j’allais, les gens se retournaient sur mon passage et me dévisageaient telle une extra-terrestre. Les sorties au café, à la boulangerie du coin étaient devenues des épreuves pour moi. Nous étions là depuis une semaine seulement que déjà je regrettais amèrement notre choix de nous établir dans cette ville. Nous habitions un cadre de rêve dans un magnifique et vaste appartement, mais qu’était-ce tout cela si quand je dînais au restaurant avec mon mari, les gens s’arrêtaient de manger pour me dévisager, peut-être pour voir si la sauvage que j’étais savait tenir ses couverts? J’étais devenue paranoïaque et j’ai très vite pris la décision de rester enfermée chez moi.

Un matin, j’ouvre la porte d’entrée pour sortir prendre mon courrier et que vois-je? Une magnifique tarte aux myrtilles cuisinée maison et déposée devant notre porte par notre voisine du dessus dont nous n’avions pas encore fait la connaissance. C’était une vieille dame de 75 ans au caractère bien trempé, mais qui s’est très vite donnée pour mission de devenir notre “mamy”. Ce geste, cette tarte, m’ont réconfortée à un point que je ne saurais décrire. Je n’aime pas particulièrement les myrtilles, mais après des débuts difficiles avec la population de cette ville, cette attention m’a redonné espoir. Les tartes devant la porte d’entrée se sont multipliées, de même que les belles amitiés dans la région.

2. Le réconfort après la perte

Six années étaient passées et ma santé ne s’était toujours pas améliorée comme je l’espérais. Las d’attendre, nous avions décidé de sauter le pas et d’agrandir notre petite famille avec un deuxième enfant. Treize semaines plus tard, nous devions déjà dire adieu à ce petit être qui se développait en moi et dont nous avions déjà commencé à préparer l’arrivée, tellement nous étions heureux…
Cette douloureuse perte m’a dévastée, mais le Seigneur dans sa bonté m’a permis de retomber enceinte trois mois plus tard. La difficile épreuve des nausées et vomissements sans fin a vite fait suite à la joie de cette nouvelle grossesse. Je passais mes journées alitée et seule, le mari au travail et bébé 1 à l’école. Un couple voisin, ne m’ayant pas vue depuis plusieurs semaines nous invita à dîner. J’acceptais à reculons, craignant de vomir dès la porte d’entrée à cause des odeurs de nourriture. Deux surprises m’attendaient: non seulement aucune odeur ne m’incommoda, mais de plus, moi qui m’attendait à un simple apéro entre voisins, je découvris avec ravissement un service quatre étoiles ! La table, la vaisselle, les bougies et le repas servis avec soin… Un dîner plus que parfait ! Notre hôtesse avait mis les petits plats dans les grands, mais pas pour nous impressionner. Je sentis en elle un profond et sincère désir de nous faire passer un bon moment et de nous manifester leur affection. Je ne me souviens plus de ce qu’on a mangé, mais je sais avoir passé l’une des plus belles soirées de ma vie à un moment où mon âme et mon être tout entiers en avaient désespérément besoin.

3. Le soutien dans un grand combat

Nous étions depuis un an dans notre nouveau pays, heureux de commencer enfin cette nouvelle vie à laquelle nous aspirions depuis de nombreuses années, quand soudainement tout a été remis en question. Suite à des complications administratives, nous avons dû faire face à six longs mois d’incertitudes quant à notre situation, de chômage et d’audiences au tribunal.
Parallèlement, nous faisions nos premiers pas dans notre nouvelle église où personne ne nous connaissait. Et pourtant. Dès qu’ils furent au fait de notre situation et du combat qui s’annonçait devant nous, ce couple a pris l’initiative d’inviter spontanément chez lui notre famille de six, après la réunion du dimanche.

Autour d’un repas simple fait de salade, légumes et trempette, nous avons été écoutés, encouragés et aimés comme nous ne l’avions plus été depuis longtemps. Ce partage a contribué à me donner la force d’affronter ce qui nous attendait. Nous n’étions plus seuls. Un autre couple s’était joint à nous et après le repas, nous avons partagé une après-midi de prière intensive, après-midi au cours de laquelle nous avons vu le coeur de nos hôtes, déterminés à aimer et à intercéder comme Christ. Et six mois après, notre victoire: une situation administrative rétablie et une famille en Christ que nous aimons profondément.

4. Pour des adieux bouleversants

Je ne l’ai connue que quelques mois. Nous sommes nées le même jour et par un merveilleux “hasard”, nous avons fait connaissance. De nombreuses similitudes de vie et de parcours ont vite fait de nous rapprocher. Il n’aura fallu que 2 rencontres pour qu’une profonde amitié nous unisse, ce type d’amitié qui sonne comme une évidence, une rencontre orchestrée par Dieu, et cela nous en sommes toutes les deux convaincues.

Puis vint le temps de la séparation. Elle devait déjà retourner chez elle après un temps de formation douloureux mais riche en leçons diverses, comme le Seigneur en a le secret. Je savais ce moment inévitable et j’avais essayé de m’y préparer autant que possible. Nos échanges allaient me manquer, son rire franc, sa douceur, son écoute et la force de son témoignage… Une amitié qui m’a marquée pour la vie.

Elle décida de venir me faire ses adieux à la maison. Et elle ne vint pas les mains vides : une bouteille d’un succulent vin rouge, mes chocolats préférés et une carte remplie de paroles de vie. Elle avait appris à si bien me connaître en seulement trois mois ! Ce cadeau était à son image et tout ce que j’aime. Ma tendre amie avait la douceur du chocolat, la force d’un vin de caractère et la vulnérabilité des mots d’une carte rédigée avec grand soin pour semer dans la vie de quelqu’un. Tous les attributs du coeur de Dieu, d’une soeur qu’on n’oublie pas. À chaque bouchée et à chaque gorgée, je me repassais avec gratitude cette inoubliable rencontre que Dieu a permis dans ma vie.

5. Après une saison très rythmée

Je voyais avec tristesse les vacances d’été se dérouler et malgré tous mes efforts, je ne pouvais toujours pas intégrer le mot “vacances” à mon vocabulaire. Je m’étais engagée à servir le Seigneur en tout temps, et Il semblait m’avoir prise au mot. Je multipliais les rencontres au gré des personnes qu’Il m’envoyait et j’en ressortais toujours plus riche spirituellement et humainement parlant, mais tout de même épuisée physiquement.

J’accueillis son invitation avec beaucoup d’hésitations. Elle voulait apprendre à me connaître et juste prendre du temps avec moi. Étant en mode “service”, je l’avais abordée comme une journée de “gâchis” que j’aurais peut-être pu consacrer à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui était vraiment dans le besoin. Je n’avais tout simplement pas réalisé à quel point j’étais aussi devenue cette personne…

Je me rendis donc chez elle. Du haut de ses 75 ans qu’elle ne fait absolument pas, elle m’accueillit avec la joie débordante qui ne la quitte jamais. Son petit appartement joliment décoré était à lui seul une invitation à la détente. Je pris place dans son fauteuil berçant et il ne fallut pas longtemps pour que je me laisse aller au réconfort qui m’était offert avec tant d’empressement. Les oiseaux qui chantent, le silence juste troublé par nos conversations et rires joyeux, le chat qui ronronne et qui semble ne pas vouloir me quitter…

Puis, le repas. Un riz aux légumes, des crevettes à la sauce piquante et une crème glacée à la vanille recouverte d’une succulente confiture de fraises maison. Et autour de sa table, juste elle et moi, et les nombreux échanges et témoignages d’une vie bien remplie dans le Seigneur. J’étais arrivée à 13h et je la quittais vers 23h, infiniment bénie qu’une femme ait tenu à me consacrer sa journée et pour tout le coeur qu’elle a mis à manifester l’amour de Dieu à la leader de ministère épuisée que j’étais.  N’ayant ni mère, ni soeur, ni tante, ni grand-mère près de moi, ce fût l’un des plus beaux cadeaux de mon année!

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Dans la course aux “grands ministères” que mènent de nombreux chrétiens de ce siècle, il est très facile de mépriser le “ministère des petites choses” qui produit pourtant de grands impacts. Jésus ne manquait aucune occasion de faire du ministère et le fait qu’Il choisissait souvent de le faire autour d’un repas, une situation ordinaire de notre vie de tous les jours, nous enseigne sur la simplicité de l’Évangile. En effet, n’est-ce pas un miracle en soi qu’une âme épuisée, assoiffée et découragée puisse être restaurée en quelques bouchées ?

Ne méprisons jamais la portée d’un repas simple offert avec amour dans la vie de quelqu’un. Soyons cette invitation, offrons humblement à Christ nos cinq pains et nos deux poissons et regardons-le nous transformer en un puissant instrument de bénédictions pour les autres, et pour nous-mêmes !

Et vous? Dans quelles circonstances avez-vous vécu la nourriture comme la Bonne Nouvelle? 

Le coeur de l’hospitalité: l’humilité

Le coeur de l’hospitalité: l’humilité

Je viens d’une culture où l’hospitalité est restée une chose très naturelle : pas besoin de téléphoner avant de venir rendre une petite visite; pas besoin d’une invitation “officielle pour partager un repas ou un verre de vin de palme; pas besoin de faire le ménage pendant des heures dans la maison avant de recevoir qui que ce soit. Toute mon enfance, j’ai vu des gens aller et venir quelque soit l’heure du jour ou de la nuit et rentrer chez eux, après 3 heures, 3 jours ou 3 mois, heureux des moments passés ensemble. Tout se faisait naturellement, les repas étaient partagés en toute simplicité et le balai des visites reprenait dès le lendemain. Ah, comme j’aurais aimé continuer de vivre ainsi…

Mais la vie en Europe a été toute autre. Peu après mon mariage l’on m’a vite fait réaliser que je serais scrupuleusement jugée en fonction de mes capacités, y compris mes capacités à recevoir suivant une liste d’exigences dont je n’avais même pas clairement conscience. Et puis il y avait les “amies”, souvent même la famille, de celles qui viennent et scrutent chaque recoin de votre maison pour trouver la faille. On se met alors une pression énorme, comme lorsqu’on se prépare à un examen, car malheureusement ça en devient un… qu’on passe ou qu’on redouble au gré des avis !

Mais que révèle cette réalité au final ? Certes, l’être humain est plus porté à la critique et au jugement qu’à la grâce et aux compliments. C’est ainsi depuis la nuit des temps ! Cependant, si nous avons toutes été victimes un jour ou l’autre d’une “mauvaise langue”, nous ne sommes pas innocentes pour autant. De notre côté, nous attendons des gens qu’ils nous apprécient, qu’ils fassent quelque chose en retour pour nous, qu’ils fassent générer en nous certains sentiments. Au final, nous offrons notre “hospitalité” avec un agenda caché et dans le but d’obtenir une réponse qui nous valorisera. Nous pratiquons donc “l’hospitalité d’apparence”, car la véritable hospitalité, celle à laquelle le Seigneur nous appelle, demeure étroitement associée à sa meilleure amie: l’humilité.

C.S Lewis donne la meilleure définition de l’humilité lorsqu’il dit qu’ “être humble, ce n’est pas de penser moins de soi, mais de penser moins à soi“. Penser moins à soi, c’est-à-dire aussi penser moins à ce que les autres pourraient penser de nous, c’est oser la vulnérabilité au détriment du “qu’en dira-t-on?”; et dans notre contexte, c’est d’essayer de nous mettre dans la peau des autres afin de leur offrir le type d’hospitalité qui comblera leurs besoins du moment et non les nôtres.

Jésus nous a laissé le modèle ultime de l’humilité. Il n’a jamais regardé à sa condition, n’a jamais cherché à se valoriser ni à se faire valoriser par qui que ce soit, ni de quelque manière que ce soit. Il est venu en toute simplicité et s’est laissé briser pour notre rédemption. Il s’est mis dans notre peau et a subi à notre place le châtiment ultime.

Pratiquer la véritable hospitalité exigera donc que nous revêtions la robe de l’humilité, comme Jésus. Il ne s’agit pas de nous, il s’agit de ce que nous pouvons apporter aux autres. Il ne s’agit pas d’une performance; il s’agit de participer à la délivrance de l’autre, dans ses besoins, dans ses maux, dans ses douleurs. Il ne s’agit pas d’un divertissement, il s’agit de porter le fardeau les uns des autres, de rire avec ceux qui rient et de pleurer avec ceux qui pleurent (Romains 12:15). Il s’agit de donner comme Christ a donné, sans retenue, avec simplicité et avec humilité.

Pour ma part, le déclic s’est produit un jour où je m’apprêtais à recevoir des invités. Je m’étais levée de bonne heure et n’avais pas touché terre tant je m’évertuais à rendre la maison impeccable. La fatigue m’avait rendue amère. Je regrettais d’avoir invité ces personnes vu le travail que cela me demandait. Je criais après les enfants s’ils avaient le malheur de remettre du désordre dans la maison. Plus l’heure approchait et plus j’étais exécrable. C’est alors que mon fils, en s’adressant à son petit frère, fit une remarque qui me marqua pour de bon : “maman est toujours de mauvaise humeur quand elle reçoit des gens à la maison !”

Cette remarque toute simple me fit rougir de honte. Quel modèle avais-je donné à mes enfants de l’hospitalité ? Que c’est une corvée que je ne faisais définitivement pas avec le coeur de Christ ! Toutes les fois, j’aurais pu faire les choses plus simplement, faire juste suffisamment de ménage pour que personne ne se brise la nuque en glissant sur un jouet; choisir des menus qui me permettraient de passer plus de temps avec mes invités et moins de temps en cuisine à vouloir les épater… Bref, aller au plus simple pour offrir la bonne part à ceux qui venaient chez moi : ma disponibilité et mon écoute. Mon manque d’humilité me poussait à m’assurer d’abord de mon image avant de m’assurer de ce que je pouvais humainement et spirituellement apporter à ceux que je recevais.

Sans humilité, notre hospitalité de façade n’est que la démarche égocentrique de plus de notre nature charnelle. L’on ne peut aimer et donner pleinement que lorsqu’on a véritablement compris l’essence de Dieu et fait le choix intentionnel de marcher dans ses voies : les voies de l’amour sacrificiel, de celui qui nous fait aimer les autres au minimum comme nous nous aimons nous-mêmes, et dans l’idéal en les plaçant au dessus de nous (Philippiens 2:3).

Pratiquer la véritable hospitalité ne se fera pas du jour au lendemain, car cela va exiger de nous un combat contre notre propre nature, au même titre que tous les autres combats que nous menons au quotidien pour croître à la ressemblance de Christ. L’important c’est de le vouloir et de prier d’un coeur sincère pour y parvenir. Lorsque vous donnez votre volonté à Dieu pour faire des choses qui béniront les autres, Il vous équipera sans aucun doute de la puissance nécessaire pour y arriver. L’amour, c’est son business et Il investira dans tout ce qui peut contribuer à développer son affaire !

Acceptez mes exigences et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Matthieu 11:29

Bénédictions !

L’hospitalité : le commandement “oublié”

L’hospitalité : le commandement “oublié”

Le dictionnaire Larousse définit l’hospitalité comme étant l’action de recevoir et d’héberger chez soi gracieusement quelqu’un, par charité, libéralité et amitié.

Nous retrouvons l’hospitalité comme commandement divin dans l’Ancien Testament, Lévitique 19:33-34

Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’opprimerez point. Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. Je suis l’Eternel, votre Dieu.

Et c’était un commandement tellement important à respecter que d’aucuns en venaient à supplier les étrangers pour qu’ils acceptent leur hospitalité: Abraham dans Genèse 18:1-8; et Lot dans Genèse 19:1-3 .

Hébreux 13:2 nous le rappelle:

N’oubliez pas l’hospitalité, car en l’exerçant certains ont sans le savoir logé des anges.

Abraham et Lot avaient effectivement logé les anges de Dieu et ils ont pu jouir des bienfaits de leur hospitalité.

Dans le nouveau Testament, le mot grec pour “hospitalité” signifie littéralement “Amour pour les étrangers”. Et c’est une valeur particulièrement chère au Seigneur et qui à elle seule suffit à résumer le coeur du ministère de Christ, Lui qui acceptait toutes les invitations sans préjuger de qui que ce soit (Matt.9:10; Luc 7:36,Luc 10:38, Luc 14:1; Luc 19:7; Luc 24:29; Jean 2:2), Lui qui est l’emblème de l’hospitalité de coeur manifestée par son amour pour les pécheurs que nous sommes.

 Pourvoyez aux besoins des saints et exercez l’hospitalité avec empressement. Romains 12:13

Pourtant, nous sommes nombreuses à choisir d’ignorer ce commandement et à nous contenter de rencontrer les gens au gré des circonstances et occasions, y compris nos soeurs en Christ que nous nous contenterons souvent de rencontrer le dimanche à l’église ! Nous sommes néanmoins nombreuses à reconnaître le plaisir procuré par l’invitation chaleureuse d’une âme généreuse qui nous ouvrira les portes de son coeur et de sa maison pour partager un repas simple dans une ambiance conviviale !

Alors pourquoi sommes-nous si peu nombreuses à pratiquer l’hospitalité aujourd’hui?

Je vois à cela trois raisons possibles :

> Parce que l’individualisme ambiant qui nous fait toujours donner la priorité à nos besoins personnels nous aveugle sur ceux des autres;

> parce que la complexité des relations que nous avons souvent entre nous les femmes nous rend méfiantes les unes envers les autres;

> parce que notre manque d’humilité ou nos diverses insécurités nous poussent à jouer davantage les Marthe que les Marie (Luc 10:38-4), ce qui nous épuise et nous décourage à recevoir quand on sait quelle quantité d’énergie nous y laissons, inutilement.

Résultat des courses, nous choisissons, consciemment ou non, de ne donner que ce qui nous arrange, de ne donner que dans un contexte que nous contrôlons et de ne donner qu’à ceux que nous connaissons. C’est ainsi que même dans l’église, nous voyons des clans se former par affinités, tandis que les nouvelles venues demeurent isolées.

Et pourtant, partout dans la bible, on peut observer que l’hospitalité était une pratique régulière et évidente dans l’église primitive. Jésus lui-même et ses disciples dépendaient de l’hospitalité des autres lorsqu’ils voyageaient de villes en villes (Matt.10:9-10). L’église elle-même qui se réunissait alors en maison dépendait de l’hospitalité des uns et des autres. Jésus envoyait ses disciples en leur précisant bien de ne rien emporter avec eux et de compter sur l’hospitalité des gens (Matt. 10:19-12).

[Jésus] dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. Luc 14: 12-13

L’hospitalité biblique va donc bien au delà de notre groupe d’amies que nous recevons le 3ème samedi du mois ! Elle va bien au delà de nos rencontres traditionnelles entre soeurs en Christ, bien au delà de nos tontines mensuelles !  L’hospitalité biblique nous demande de sortir de notre zone de confort et d’ouvrir avec empressement nos bras, nos coeurs et nos maisons à de parfaites inconnues, tout comme Christ l’a fait pour nous. L’hospitalité biblique nous demande d’oser aimer, d’oser nous montrer vulnérables, d’oser la simplicité de coeur et l’amour spontané qui ne se laissera pas limiter par la taille de notre logement ou par nos compétences (ou incompétences) culinaires ! L’hospitalité biblique nous demande d’incarner Christ à celles qui ont besoin de le voir à travers nous, à celles qui ont besoin de réaliser qu’elles comptent et qu’elles ont une place dans la famille de Dieu, à celles qui dans leur saison de vie ont besoin d’une oreille compatissante pour se livrer en vécu et en vérité. L’hospitalité biblique nous demande de ne pas nous limiter à l’apparence ni aux préjugés, et de commencer à nous intéresser aux autres comme Christ s’est intéressé à nous.

Exercez l’hospitalité les uns envers les autres sans murmurer. 1 Pierre 4:9

Et mieux encore, nous devons le faire avec joie, c-à-d sans ruminer quand le mari invite des amis sans avoir prévenu 6 mois à l’avance; sans fulminer en pensant à la quantité de vaisselle et de nettoyage que nous aurons à faire après le départ de nos invités; sans grommeler sur le temps que nous allons passer en cuisine ou sur la facture des courses; sans geindre au téléphone avec notre mère, notre soeur ou notre amie sur les sacrifices que nous avons fait pour pouvoir offrir “l’hospitalité” !

Mesdames, ceci n’est pas l’hospitalité sacrificielle selon Christ, et encore moins de l’hospitalité sans murmures !

Autre point capital: l’hospitalité biblique ne se fait pas pour recevoir les louanges des Hommes. Nous ne la pratiquons pas parce que nous en espérons quelque chose en retour, ni parce qu’elle donne une bonne image de nous, ni pour recevoir l’oscar de la meilleure hôtesse ! Nous pratiquons l’hospitalité pour incarner Christ et pour révéler sa Gloire autour de nous.

Bien-aimées, quand vous pratiquez l’hospitalité, vous bénissez quelqu’un d’autre, que cette personne soit une étrangère, un membre de la famille ou juste une amie. Tout comme il n’est pas nécessaire d’avoir un don particulier pour aimer, il n’est pas non plus nécessaire d’avoir un don particulier pour pratiquer l’hospitalité. Nous sommes toutes appelées à nous exercer à l’amour les unes envers les autres et à manifester cet amour par des actes de générosité qui incarneront concrètement Jésus (És. 25:6-9; Lc. 14:16-24; Ap. 19:9). Mettez simplement vos genoux par terre et demandez au Seigneur de vous délivrer de toutes les chaînes qui vous empêchent d’observer ce commandement (peur du jugement, complexes, crainte de la nouveauté, préjugés sur les étrangers, peurs diverses…). Et demandez-Lui de placer sur votre chemin, les âmes qui auront besoin de voir la grâce du Tout-Puissant à travers vous !

Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. Matthieu 25:40

Bénédictions

3 principes de l’hospitalité véritable

3 principes de l’hospitalité véritable

Le Seigneur me met à coeur de recevoir chez moi, mais…

ma maison est trop petite
– ma vaisselle est dépareillée
– je n’ai pas assez de place
– j’ai des animaux de compagnie
– je ne suis pas forte en cuisine… etc.

J’ai entendu cette phrase à plusieurs reprises depuis le lancement de notre table dans le cadre du ministère des femmes de mon église. Cette petite phrase, complétée de toutes sortes de raisons, révèle les insécurités dont la plupart d’entre nous sommes prisonnières, souvent au point de nous paralyser, y compris dans les oeuvres que le Seigneur nous appelle à réaliser pour son Royaume.

Nous avons toutes à coeur l’hospitalité. Dieu nous a ainsi faites, que nous aimons naturellement nous ouvrir aux autres. Mais l’ennemi nous pousse à bâtir de nombreuses forteresses autour de nos coeurs et de nos vies, en multipliant toutes sortes de déceptions, trahisons, complexes et insécurités qui nous empêchent dorénavant de faire de nos maisons et de nos coeurs l’église aux portes ouvertes qui devrait propager l’amour avec simplicité, comme le faisait Jésus.

Pratiquer l’hospitalité radicale est un choix, un choix à la portée de toutes celles qui ont à coeur de vivre une foi intentionnelle.

Voici 3 principes essentiels de l’hospitalité véritable, à se rappeler pour réussir à dépasser nos craintes et oser vivre régulièrement et spontanément ce commandement si important !

1. Il ne s’agit pas de votre maison

Plus nous avançons dans notre foi, plus nous sommes en quête de relations authentiques que nous pouvons nourrir dans un environnement sécurisant, celui où on se sait écoutée et encouragée sans jugement. Les femmes n’ont pas besoin d’un salon de catalogue de déco, elles ont besoin de vous ! D’une femme suffisamment bien dans sa peau pour s’offrir aux autres, d’une femme qui n’a pas peur de se montrer vulnérable et qui n’hésite pas à mettre de côté sa liste de choses à faire pour partager face à face la réalité de leur vie.
Quand vous ouvrez votre foyer aux autres, c’est une partie de vous que vous offrez, une zone franche qui choisit les relations plutôt que la perfection, un espace où l’autre se sent aimée et valorisée. Les femmes oublieront facilement l’apparence de votre intérieur, mais elles n’oublieront jamais comment vous les avez faites se sentir lorsqu’elles étaient chez vous. Et ça, c’est la plus merveilleuse des semences !

La maison qui pratique l’hospitalité est d’abord celle de votre coeur imparfait, mais parfaitement prêt à aimer.

2. Il ne s’agit pas de vos talents culinaires

Croyez-en mon expérience, la nourriture est loin d’être le plus important ! Quand des femmes se retrouvent intentionnellement dans le but de partager sans masques leur réalité, la dernière chose qu’elles viendront noter, ce sera la qualité de votre cuisine ! Alors oui, c’est tout de même important de proposer quelque chose de bon à manger, mais cela ne doit pas être une source de stress ou un facteur limitant dans votre désir de pratiquer l’hospitalité. La nourriture apporte cette indispensable touche conviviale et contribue à disposer les coeurs au partage. C’est la raison pour laquelle une belle partie du ministère de Jésus se faisait autour des repas. Mais l’essentiel reste et restera toujours l’amour manifesté par l’écoute et par les encouragements qui permettront à l’une et l’autre de repartir meilleure qu’elle n’est arrivée. Alors, sentez-vous libre d’offrir quelques chips, une salade verte ou un poulet rôti acheté tout prêt, ça suffira amplement !

Depuis que nous faisons nos tables, bien que j’aie à chaque fois apprécié le repas servi, mes meilleurs souvenirs restent liés aux bénédictions qu’ont retiré les femmes des différents partages.

3. Il ne s’agit pas de vous

Voici la clé de la véritable liberté en Christ: réaliser qu’il ne s’agit et qu’il ne s’agira jamais de vous personnellement, mais de l’instrument que vous pouvez être entre les mains du Seigneur pour manifester aux autres son amour. C’est tellement libérateur d’aborder le service dans cette perspective ! Cela dispose nos coeurs et crucifie nos doutes, complexes et insécurités. Il ne s’agit pas de nous, il s’agit de Christ à travers nous !

Pratiquer l’hospitalité reste donc avant tout une question de choix: est-ce que je veux servir le Seigneur par tous les moyens qu’il met à ma disposition, oui ou non?

Jésus n’a pas attendu d’avoir le barbecue dernier cri pour cuisiner pour ses disciples sur la berge ! La femme sunamite, bien que riche, ne s’est pas équipée de la dernière vaisselle à la mode pour recevoir le prophète Élisée ! Marthe n’a pas pris de cours de cuisine ni cumulé les livres de grands chefs pour recevoir Jésus ! Et pourtant, quel invité elle recevait !

Bien-aimées, il est tellement important et urgent que nous revenions à la simplicité dans la pratique du coeur de Christ. Nous devons accepter de mourir à la trop haute opinion que nous avons ou voulons donner de nous-mêmes pour revenir à ce qui compte vraiment, à ce qui compte réellement: l’amour. Cet amour ne sera jamais dans le matériel, ni les apparences, ni la réputation. Il sera toujours dans l’expression du coeur, par la présence, par l’écoute, par l’attention, par l’encouragement, par le service humble.

Je suis bénie de voir de plus en plus de femmes oser la table dans mon ministère. Et encore plus bénie de voir comment le Seigneur utilise avec puissance cette modeste oeuvre dans le coeur des participantes! Je ne vous encouragerai jamais assez à faire ce pas à votre tour. Osez et voyez Dieu se manifester dans son église !

Bénédictions !